Mes amis je me dois de vous dire au revoir...

Invité

La foule s'amassait sur la place de la Rotonde au point que chaque centimètres carrés de permabéton était occupé et que les derniers arrivés étaient soit obligés de se glisser dans les rues adjacentes, écrasés contre les rambardes surplombant plusieurs centaines de mètres de vide soit ils escaladaient les différents monuments au risque de tomber et de se fracturer quelques membres. Malgré l'important dispositif de sécurité déployé les pickpockets s'en mettaient plein les poches, bousculant les gens, en profitant pour glisser leurs mains/appendices/tentacules dans les poches de leurs victimes et en tirant leur trésor. Il y'eut quelques arrestations musclées où les quelques militaires déployés calmèrent un groupe de jeunes délinquants à coups de crosse et une course poursuite entre un pickpocket et un officier des FSC amusa la galerie jusqu'à ce que le premier finisse par être attraper par un Toydaryen persuadé d'avoir été volé. La foule de Coruscant était en liesse. Nulle grande victoire, ni même de fête à célébrer. Aucune commémoration ou libération à souhaiter. Non c'était juste une horde de rapaces venus assister à la déchéance de leurs politiques, telle était ma pensée.

Un échec. L'ensemble de mon mandat n'avait guère été mouvementé, ni même rythmé de scandales et autres coups d'éclat. Ma prise du pouvoir s'était faite calmement, avec un simple discours au Sénat. Mais pour mes adieux j'avais décidé de faire les choses en grand. Une simple tâche, une erreur et ma réputation avait volé en éclat. J'avais été maligne et les gens ne me connaissaient que peu au sein du Sénat, ils ne connaissaient pas mes scandales. J'étais presque trop innocente pour eux. Il fallait qu'ils me trainent dans la boue avec eux tels des porcs sans foi ni loi. La haine monta en moi mais je me forçai à inspirer calmement. Je n'avais pas été anéanti lorsque la mission sur Velmor avait été un échec, entraînant la mort du porte parole de l'armée mais aussi un excellent élément militaire. L'armée s'était retournée contre moi, tous mes soutiens disparurent du jour au lendemain. Voyant cela les membres de mon cabinet avaient tourné le dos et pris leur jambe à leur cou. Ils avaient senti ce qui allait arriver tout comme moi. J'avais plaider quatre longues heures sans aucune pause au coeur de la Rotonde usant de toutes mes astuces politiques, de mon charme. Mais rien y avait fait. Le Sénat avait voté une motion de censure à mon égard. 51% des voix. Le nombre parfait de la majorité absolue. Ainsi j'avais été déchue de tous mes pouvoirs. De Présidente de l'Alliance je n'en avais que le titre. Ils avaient réussi à m'abattre les chiens. Alors je partirai la tête haute dans un dernier baroud d'honneur.

Ainsi je me tenais prête au bout du grand hall du Sénat, entourée d'une légère équipe de sécurité et de mes conseillers. J'étais habillé de manière simple, tout du moins pour un politique. Un simple tailleur noir, des escarpins et une chemise blanche. J'avais relevé mes cheveux dans une complexe chignon et deux émeraudes brillaient à mes oreilles. Mon cou était orné de mon traditionnel collier de perles. Cependant mon visage était habillement maquillé, cachant les imperfections de la fatigue. Grâce à l'équipe du Sénat mes cernes, mon teint cireux et mes traits tirés avaient disparus ramenant une fraîcheur oublié à mon visage. J'étais fin prête. L'équipe météorologique de Coruscant avait promis un grand soleil baignant sur la place de la Rotonde et les miroirs orbitaux apportaient une forte lumière, presque crue. Je m'avançai au même rythme que les portes s'ouvraient et des holocam vinrent flotter à quelques mètres de moi. Je ne bougeai pas un cil, me concentrant pour ne serrer la mâchoire. Charognards... Traîtres... Non calme... La loge qui avait été installée sur les marches approchait. Un pas, deux pas, trois pas. Et je me retrouvai à faire face, seule en position debout, à des milliers de personne et sans autant des millions de témoins via l'Holonet. Je pris une profonde inspiration et commençai.

"Peuple de Coruscant, peuples de l'Alliance Galactique je me dresse ici en ce jour car mes amis je me dois de vous dire au revoir. J'ai servi fidèlement durant toutes ses années les valeurs républicaines et démocratiques de ce gouvernement. Sachez qu'avant cela je n'étais qu'une simple officier de communication au sein d'un vaisseau d'exploration. Ce que j'ai vécu lors de son abordage m'a reconstruite, endurcie. Et j'ai décidé de servir l'Alliance pour parvenir à créer une harmonie à travers la Galaxie. Je ne me suis guère soucié de sa perfection mais je voulais laisser ma trace. Si j'ai fais une erreur ce fut d'être orgueilleuse. Non point comme les Sénateurs étalant leurs richesses. Ni même comme les militaires croyant avoir vaincu à eux seul les Etoiles Noires, les Yuuzhan Vong. Non je croyais connaître la volonté du peuple et je me montrai. Je vous demande pardon. Pardon pour avoir échoué dans mon rêve égoïste. Pardon pour vous abandonner. En ces derniers jours j'ai perdu tout espoir de voir l'Alliance juste, incorruptible et démocrate. Mes amis, je me dois de vous dire adieu..."

Un silence plana sur la place tandis que je me retournai et quittai, raide la loge pour me réfugier dans le sénat. Un discours court, intense mais court. Je n'avais pas pu faire mieux. La colère était trop importante dans mon coeur pour que je puisse faire mieux. J'avais envie de hurler ma haine, d'arracher les yeux de ces véreux, m'écorcher les ongles en les griffant à mort. Mais cela ne servirait à rien. Il était temps pour moi de quitter la vie politique, de retourner sur Hapès... Une unique larme coula sur ma joue tandis que je m'enfonçai dans les profondeurs du Sénat...

Invité

Légèrement accoudés, d’une manière assez noble, au premier étage du vaste hall, deux hommes vêtu de costumes chics, la mine sombre, discrets et seuls à l’étage, discutent tout en regardant l’ex-Présidente quitter la loge installée par les services de communication de l’Alliance Galactique.

« Et maintenant ? »
« Maintenant ? Le plan suit son cours. Patientez. Vous saurez bien assez vite. »

Un fin soupir sort, tandis que l’un des deux sort une cigarette électronique (1) et s’en sert comme il se doit.

« Faible. »
« Hum ? »
« Elle était faible. Elle n’aurait pu tenir longtemps. Et elle nous ralentissait. Beaucoup trop. Elle aurait été un danger sur le moyen terme, autant que sur le long terme. Si nous n’avions pas fait cela, nous aurions dû la supprimer. »
« N’est-ce pas trop extrême ? »
« Nullement. Elle nous aurait mené à notre perte. Comme lorsque nous avions été guidé vers la défaite, en l’an 130. »
« Le contexte était différent. »
« Sur bien des abords évidents, en effet. Mais si l’on y prête plus attention, et si l’on analyse la chose froidement, avec une rigueur scientifique, pas tant que cela. Croyez-vous vraiment que les Sith ont disparus ? Après Velmor, et bien d’autres ? La Fédération ne tiendra pas la première bataille rangée. »
« C’est vrai. »
« Bien sûr que c’est vrai. L’histoire galactique nous a bien enseigné une chose : les alliances et les périodes de prospérité ne tiennent jamais. La Fédération est vouée à disparaître. Mais devons-nous laisser l’Alliance se perdre à nouveau ? Non. Car cette fois, il serait bien difficile pour elle de redevenir une puissance. »
« Et l’Empire deviendrait alors seule puissance galactique. »
« Exactement. Ce serait un plan de bataille idéal pour eux, que de faire en sorte que nous soyons affaiblis, puis éliminés par une autre menace. Ainsi, l’Empire n’ayant jamais faibli, n’ayant jamais été vaincu comme nous l’avons été en 130, ou encore en 40 lorsque Darth Caedus a pris le pouvoir de l’Alliance. »
« Oui, mais ils ont collaborés avec les Sith. »
« Erreur. Fel n’a pas collaboré. Il s’est exilé, et a fait survivre son Empire, qui gouvernait toujours et était encore un gouvernement. Stazi lui, commandait ce qu’il restait de la flotte de l’Alliance. Ni plus, ni moins. Et cela, les gens ne l’ont pas oublié. Nous perdre à nouveau serait le signe que notre système ne fonctionne pas, et qu’il n’y a qu’un Empire paternaliste pour survivre. »
« C’est donc pour cela que nous l’avons éjectée ? »
« Plus ou moins oui. Elle sera remplacée, comme toujours. Mais cette fois, nous ferons un choix meilleur. »
« Comment cela ? »
« L’Alliance n’a jamais été dirigée par les électeurs depuis 130. C’est tout ce que tu dois savoir. »

Les deux hommes quittent les lieux, comme bon nombre de politiciens, journalistes et autres curieux ayant eu l’autorisation d’assister au discours de l’ex-Présidente. L’un semble particulièrement satisfait. Il presse l’un des boutons de son comlink, avant de le ranger dans la poche intérieure de sa veste.

Quelques minutes plus tard, un message crypté est reçu par bons nombres de.. « personnalités ».

Inconnu a écrit:: Le discours c’est passé comme prévu. La place est libre. Les enchères peuvent commencer.

Yader.

Informations complémentaires:

Assis dans la nacelle des représentants de Chagria, Afflictionis pouvait percevoir la fureur qui habitait l’ex-présidente Hapienne. C’était compréhensible, on lui avait menti. On lui avait donné le goût du pouvoir suprême, et on lui avait retiré. Vestara Weiss n’était pas la seule à être consumée par la colère cependant. Cedronis fulminait et sa colère était palpable. Son état d’énervement était tel que même le sénateur de Chagria ainsi que son assistant semblaient écrasés par une force invisible et n’osaient pas lui adresser la parole. Les deux mains posées sur la rambarde, Stÿx avait un air de rapace. Plutôt paradoxal pour le représentant d’une espèce amphibienne… Perché tel un aigle, il scrutait du regard l’ensemble de l’assemblée constituée qui applaudissait le discours de l’ex-présidente Weiss.

Son attention sautait d’un sénateur à un autre, essayant de déterminer qui applaudissait par connivence ou par conviction. Quels sénateurs véreux avaient trahi sa confiance ? Weiss avait été élue par le patronat et des sénateurs ayant des intérêts industriels, Cedronis avait été celui qui avait rassemblé ces personnalités pour appuyer la candidature de l’hapienne. Oh, il n’avait pas soutenu Weiss pour ses compétences, mais car elle était influençable, capable de diviser l’Alliance et parce qu’elle était ouvertement favorable aux intérêts des méga-corporations. Mais visiblement, elle avait mis trop de temps pour tenir ses engagements vis-à-vis de ceux ayant soutenu et financé sa campagne, comme les membres du Comité Représentatif des Institutions Commerciales. Et Weiss avait été gentiment évincée du pouvoir. L’outil de pression du Seigneur Sith s’était retourné contre lui, et il n’allait pas laisser ça impuni.

- Des idiots. Tous des idiots…

Mais il n’allait pas leur faire payer ça maintenant. Aussi idiots pouvaient-ils être, ils étaient encore trop utiles à Afflictionis pour qu’il puisse s’en passer. Ses mains bleues se resserraient sur la rambarde, comme les serres d’un aigle au point que ses ongles grinçaient contre le duracier de la barre. Le son était désagréable, mais reflétait bien l’état d’esprit de Cedronis. La déchéance de Weiss l’éclabousserait aussi : il avait soutenu publiquement sa candidature. Mais il prendrait ses dispositions dès la sortie de l’hémicycle pour atténuer son soutien dans les archives des différents médias. Pour l’heure, il faudrait rebondir. De nouvelles élections allaient arriver.

Afflictionis devrait s’assurer que le prochain président soit plutôt sensible à ses suggestions. Lorsqu’il quitta l’enceinte du Sénat et était à l’abri des regards dans son speeder, le chagrien frappa d’un revers de la main, la vitre de son véhicule qui se brisa sous l’impact. Quelques éclats de verre dans la main, la douleur ne faisait qu’attiser sa haine et l’envie d’agir d’une façon beaucoup plus directe pour renforcer son influence sur le Sénat.

Quelques heures plus tard, l’ambassadeur Cedronis était dans son bureau entrain de réfléchir et à étudier un peu le profil des candidats potentiels à la succession de Weiss. Plus il y pensait plus son éviction du pouvoir paraissait suspecte. Certes le C.R.I.C. avait joué son rôle là dedans, mais il y avait autre chose. Le Seigneur Sith commençait à suspecter une influence plus sournoise et pernicieuse. Quelqu’un d’autre jouait depuis les coulisses du sénat de l’Alliance Galactique, quelqu’un l’avait mis échec et mat. Consciemment ou inconsciemment ? La question restait à déterminer, mais Cedronis doutait que cela soit le cas. Il lui faudrait creuser la question, enquêter depuis l’ombre pour déterminer cette menace et s’en occuper directement, ou s’en servir pour atteindre les objectifs du Grand Plan. Un sourire carnassier se dessina sur le visage du Sith qui commença à se frotter les mains, ce nouvel adversaire sans visage serait mis hors course tôt ou tard. Ce ne serait qu’un contretemps dont Kara ou Ith’rar pourraient s’en charger sans compromettre la couverture de Cedronis. Et c’est avec un air sinistre qu’il déclara pour lui-même…

- Que le meilleur gagne…