Entrainement nocturne [PV Elunia et Jilano]

Invité

Nuit du 23 au 24 Yelona

On a tous une bonne raison de se battre, certains le font conter des Sith, d'autres contre les Yarl, d'autres contre la peur, moi c'est contre le fait d'être toujours en vie. Quand la planète Dantooïne fut condamnée et que je su que je ne ferai pas partie d'un équipage qui survivrait, je m'étais préparée à ce qui arriverait, j'étais prête à rejoindre la Force. Ca avait été bien plus facile à accepter que je l'avais imaginée. Je n'avais pas vraiment imaginé le jour où je finirai par mourir, je crois qu'on ne l'imagine vraiment, on sait que ça va arriver un jour ou un autre parce que c'est inévitable mais on ne va pas imaginer où, quand et comment ça arrivera, moi je le savais, ça devait arriver il y a deux années et rien n'empêcherait ça, alors curieusement accepter cette idée avait vraiment été d'une simplicité infantile, ça arrivera, je n'y couperai pas, paniquer ne servait à rien, je restais simplement avec mon Maître, profitant de ses derniers enseignements, songeant que devenir Chevalier Jedi quelques jours avant le départ des vaisseaux serait une simple consécration tant de mes années d'effort que de ses années à me former. Un dernier beau cadeau avant de rejoindre la Force. Je revois la scène avec précision, il m'offre un verre quelques heures avant le départ, une sorte d'adieu, nous trinquons à la Force et à des jours meilleurs puis ma tête tourne, mon corps ne répond plus, mon coeur ralentit jusqu'à ce que je sombre dans un sommeil profond et bien des heures après, je me réveille dans l'espace avec une vue sur les débris de Dantooïne et de sa lune...

Comme chaque fois que je fais ce rêve, mon coeur bat à un rythme très rapide, semblant ne pas vraiment vouloir se calmer, je respire profondément en tentant de détendre mon corps, en tentant de me relaxer autant que je le peux, ça n’est pas franchement ce que j’appellerai un succès mais c’est toujours mieux que rien. Un coup d’oeil à l’heure me laisse savoir que nous sommes, littéralement, en plein coeur de la nuit, je sais parfait que comme chaque fois que je fais ce rêve, je ne parviendrai pas à me rendormir. J’approche de la fenêtre qui donne sur l’espace, sur ce noir et ces points lumineux, ces étoiles, à la fois si proche et si lointaines. Je commence un peu à avoir le mal de l’espace, je commence à devenir claustrophobe, j’ai vraiment besoin de sortir, de remettre les pieds sur un vrai, de respirer un bon grand bol d’air qui ne serait pas le fruit d’un générateur d’oxygène. Je sais que tant que je n’aurai pas de Maître, ça n’arrivera pas, je sais aussi que ça fait deux ans depuis la dernière fois que j’ai signalé au Conseil que j’étais sans Maître. Je n’avais pas depuis ressenti le besoin de le signaler une fois encore, et j’attendais, consciente que j’avais sans doute simplement été oubliée dans toutes les urgences qu’il fallait gérer avant une Padawan sans Maître, puisque je doutais pouvoir être Jedi, ça tombait bien de ne pas avoir de Maître mais pourtant ça me manquait. Il y a quelque chose de rassurant à avoir un Maître, c’est quelqu’un à qui on peut se fier, avec qui on peut discuter très librement et sur bien des points, ça me manque.

Comme toutes ces nuits où je ne parviens pas à dormir, je fais un peu d’électronique et de mécanique puisque c’était là le domaine dans lequel j’avais choisis de justifier ma présence ici à bord d’un vaisseau. J’étais devenue plutôt douée pour réparer les droïdes et toutes les machines susceptibles de tomber en panne, j’avais récemment même travaillé sur des vaisseaux de petite taille prévus pour accueillir un grand maximum de deux passagers. Je travaillais pourtant sur toute autre chose en ce moment, un ancien droïde d’entrainement au combat, cela faisait quelques temps qu’il fonctionnait à nouveau mais ses connaissances en combat seraient à peine suffisante pour un néophyte découvrant seulement le sabre-laser, je cherchais à l’améliorer mais ce n’était pour l’heure pas un grand succès, je pensais utiliser une ancienne puce qui datait de beaucoup d’années et qui avait jadis servi pour les notions de combat d’un genre de droïdes qui n’existent plus des Magna IG-100, des droïdes qui servaient de garde du corps avec une connaissance assez forte des genres de combat. J’ignore même si cette puce fonctionnera encore, je l’avais trouvé quand j’étais jeune, tout au fin fond d’une vieille décharge où s’entassait des restes de droïdes. J’y cherchais une lentille de focalisation pour mon sabre-laser, un peu ridicule je sais, d’autant que tout ce que j’avais trouvé ce jour-là, c’était cette fameuse puce, vieille mais assez bien conservé.

Je me rends dans la salle d’entrainement, simple, sobre, mais spacieuse, le droïde d’entrainement trine dans un coin, visiblement quelqu’un s’est entrainé avec, mais il est toujours fonctionnel. A cette heure-ci je ne risque pas de rencontrer grand monde ni d’être dérangée, j’ai même entendu quelques ronfleurs en venant ici, à part le personnel naviguant, le reste des personnes doit dormir, c’est de loin mon moment préféré pour m’entrainer. Je peux tranquillement pratiquer le Jar’Kai sans avoir à redouter ou craindre que l’on me voie, pas par honte, mais personne ne sait, même mon Maître ne le savait pas...Il faut dire qu’à l’heure où j’ai commencé, c’était sur ce vaisseau, il était alors déjà mort et le sabre-laser de ma mère n’avait jamais accepté de s’allumer, à croire qu’aucun vrai Jedi ne pouvait l’allumer, qu’il fallait avoir des doutes, qu’il fallait une petite propension au Côté Obscur. J’avais changé le cristal rouge conter un cristal bleu, gardant cependant le cristal rouge, il avait appartenu à ma mère, il prouvait qui elle avait été. Pour l’heure, je m’occupe du droïde, échangeant sa puce actuelle que je tâcherai d’améliorer par l’antiquité provenant d’un autre droïde. Le vrombissement de lecture de la carte est étrange, un curieux mélange entre le bruit d’une clé à molette passant dans le propulseur d’un podracer et le crissement d’ongle sur un tableau. Mais finalement le droïde s’active et bondit sur ses pieds, attrapant le bâton électrique qui est son arme.

- PROTOCOLE DE COMBAT ACTIVITE...DEFINITION DE LA CIBLE.

Me reculant jusqu’à un banc, j’y pose le sabre-laser de ma mère, la puce de base ainsi que ma bure, restant dans un simple pantalon et haut sans manche.

- CIBLE ACQUISE...ELIMINATION EN COURS.
- De quoi ? Elimination de qui ?

Il va falloir reprogrammer un peu tout ça pour éviter de faire des morts. J’allume mon sabre-laser et entame le combat contre le droïde qui ne ménage pas ses efforts et qui ne me ménage pas beaucoup plus d’ailleurs ! Si je trouvais l’autre mou et faible, celui-là est tout l’inverse, j’ignore quel genre de personnes avaient besoin de droïde de ce genre, mais il étaient fais pour tuer. Le combat devient violent, je recule sous les assauts de la machine jusqu’à toucher un mur, une parade et une violente décharge électrique dans mon corps m’arrache un cri de surprise plus que de douleur. Je le repousse en jouant de la Force mais déjà il revient à la charge, je ne suis pas de taille et ce n’est pas rien de le dire, si j’avais su que jadis ces droïdes tenaient tête à des Maîtres Jedi, j’aurais sans doute mieux compris, pour le coup, je prends une sacrée raclée, je n’ai toujours pas fais semblant d’attaquer et je m’épuise rapidement à ne fait que parer et reculer. Une décharge dans mon dos, une autre dans mes mains me font lâcher mon sabre, je tombe sous un coup violent derrière mes genoux, il atterrit sur moi tout le poids de la mécanique appuyant sur mon corps. Il lève son bâton je me concentre me remémorant les enseignements de mon Maître, ne pas céder à la panique. J’attire mon sabre et celui de ma mère dans mes mains, un part le bâton, le second balaie pour faire reculer le droïde. Je me relève d’un saut carpé, sur mes appuis et prête pour la suite. Je suis en sueur et bien décidée à le vaincre, je sers mes mains sur les sabres et le regarde venir, avec les deux sabres, le combat retrouve un semblant d’équilibre mais reste à son avantage, je reste calme mais sent l’envie de gagner devenir plus forte, pour me prouver quelque chose. Mes coups trouvent un second souffle dans une détermination brutale, mon Jar’Kai devient très agressif, j’esquive un coup, tranche le bâton deux, dans le même mouvement je tranche ses mains, un sabre se plante en plein milieu de sa batterie d’énergie, le second tranche sa tête. Il tombe au sol et moi aussi, assise sur mes fesses, haletante, j’ai flirté avec le Côté Obscur et je le sais, je ne devrai pas et je le sais mais ce n’est pas comme si quelqu’un avait vu pas vrai ?

La Force était en ébullition. Partout autours de lui, elle résonnait des échos douloureux de la bataille. Quel que part, il ne savait ou, il sentait la tempête obscur qui noyait la Force depuis sa fuite de Dantoïne se déchainer. Le Chaos avait focalisé son attention sur une cible, mais en dépit de ses efforts, sa terrible mâchoire ne parvenait à s’en saisir. Mieux encore, l’ombre faiblit, rageuse mais impuissante, avant de disparaître soudainement, ne laissant rien derrière elle. D’où lui venait cette sensation ? Jilano n’en savait rien, mais cela ne l’empêchait pas de partager ce sentiment de triomphe. Que l’émanation soit véritable ou simplement intuitive, un doux parfum d’espoir flottait dans son sillage. Un Parfum que le Maître Jedi n’avait pas ressentit depuis bien longtemps. Certes, le cloisonnement permanent l’agaçait au plus haut point, certes la précarité de leur situation frisait un désespoir de plus en plus inéluctable, mais pour la première fois depuis plus de deux ans, la Force venait de lui insuffler l’espoir. Comme quoi, être Maître Jedi ne voulait pas dire être en paix avec soit même.

Jilano ouvrit soudainement les yeux, réintégrant progressivement les contours de son enveloppe charnelle. De fines gouttes de sueurs perlaient de son front, et son souffle devenu rauque mit un temps à s’apaiser. Le genre de méditation auquel il venait de se livrer était épuisante pour le corps, bien que paradoxalement apaisante pour l’esprit. Outre le danger qu’impliquait une immersion totale dans les courant de plus en plus tumultueux de la Force, le temps passé assis en tailleur dans une pièce à demi éclairée avait raidit son corps. Il pouvait sentir les muscles de son dos protester contre ce mauvais traitement et s’empressa de se lever. Le manque d’exercice du au confinement du vaisseau était un autre problème. Pour lui qui avait passé la majeure partie de sa vie sur les routes de Nantoo Dei, il devenait de plus en plus difficile de se contenter d’un espace si restreint.

Un rapide coup d’œil à son horloge lui indiqua qu’il avait passé plus de temps que prévu immobile, et c’est presque avec soulagement qu’il décida à se rendre dans la salle d’entraînement du Somens II. Malgré la routine assommante qui enveloppait son quotidien, il aimait beaucoup ces quelques heures volées à manier son sabrolaser. Par l’exercice, il parvenait enfin à calmer, et plus important encore, à réfléchir convenablement. Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre la salle en question. Au vu de l’heure tardive et du silence qui régnait partout autours de lui, il était fort probable que cette dernière soit déserte, ce qui lui permettrait de prendre le temps qu’il jugeait nécessaire.

Quel ne fut pas sa surprise lorsqu’un écho de la Force vint effleurer ses sens exacerbés. D’abord un sentiment de danger, proche de la panique, qui le laissa perplexe. Qui donc à bord du vaisseau Jedi pouvait voir sa vie menacée, car seul ce genre de situation pouvait engendrer une telle détresse ? Un cri, bref mais emplit de douleur, suffit à lui faire abandonner ses dernière réserve. Il s’élança d’un pas souple et rapide, inquiet et ravi à la fois. Certes, l’expectative d’une attaque était à exclure, mais il devait tout de même faire preuve de prudence, même si cet évènement inhabituel tombait à pic pour chasser l’ennui qui l’enveloppait tel une couverture tenace et inconfortable.

Ce fut à ce moment qu’il les ressentit pour la première fois. Les ténèbres. Colère et résolution firent écho à cette ombre nouvellement née. Cette sensation à elle seul stoppa l’allégresse qu’il ressentait, qui se mua en une détermination froide. C’était la première fois que Jilano ressentait la présence insidieuse du côté obscur à bord du Somens II, odieuse tentatrice faite de perversion et de mensonge. Ses pas se firent plus rapides, et il ne lui fallut pas longtemps pour arriver devant cette salle qui lui était si familière. Lorsque les portes coulissèrent, il fut cependant surprit de constater qui était l’auteur de cette émanation macabre. Il faillit même douter de ses propres perceptions.

Elle était jeune, étonnamment jeune, mais pourtant sa présence flamboyait à travers la Force. Il y dénota cette sensation obscure qu’il avait interceptée, mais elle rayonnait d’un autre sentiment, plus profond. Son regard gris acier rencontra celui de celle qui n’était sans aucun doute possible une Padawan. Malgré son expression indéchiffrable, elle pouvait clairement ressentir l’angoisse qui l’étreignait. Quel qu’en soit la raison, il devait surement en avoir une, le maître doutait pouvoir y faire quelque chose. Son devoir dans ce genre de situation consistait à prévenir le conseil Jedi de la situation critique dans laquelle la jeune femme se trouvait. Ayant utilisée le côté obscur par le passé, elle risquait de sombrer définitivement, quittant ainsi la voie de lumière. Oui mais voila, ce geste entrainerait sans doute son enferment, provisoire certes mais assez long, avant que le conseil ne statut de son sort. Et quel que puisse être la décision de ce dernier, il handicaperait sérieusement la jeune femme et compromettrait son avenir dans l’Ordre. Hors, il ne savait pourquoi, son instinct lui soufflait que cette réaction n’augurerait rien de bon.

-Bien le bonsoir, jeune demoiselle. On peut savoir ce qui t’emmène ici si tard ? Ton Maître doit surement désapprouver ce genre de comportement.

Les questions de Jilano semblait d’une neutralité absolu, comme s’l n’avait pas perçu l’épisode ténébreux qui avait secouée la Padawan. Rien ne servait de la presser ni d’en parler tout de suite, il désirait en savoir plus avant prendre une décision. Il remarqua les restes d’un droïde d’entraînement, visiblement vaincu et inutilisable. Un sourire un peu moqueur étira son visage, alors qu’il s’approchait d’avantage de la jeune femme.

-Que de bruit pour un simple Droïde d’entrainement. M’est avis que tu n’avais pas besoin de te mettre dans un état pareil pour un si piètre adversaire.

Invité

J’ignorai quoi dire sur mon comportement en ce moment, mon isolement, vivre recluse ainsi que je le faisais en ce moment, ça n’avait rien de bien intelligent car je laissais le doute s’installer et cela faisait déjà deux années que je jouais ainsi, avec le feu. Mon Maître était mort, il avait laissé sa vie sur Dantooïne pour que moi, petite Padawan sans importance, je puisse continuer à vivre et je détestais ça. Il était un Maître Jedi, de quel droit avait-il fais ça ? Comme si ma vie à moi valait mieux que la sienne ? La première partie de ma vie, j’avais été une esclave, puis j’avais commencé à devenir Jedi, j’étais illettrée, je ne savais pas compter, et j’étais toujours esclave en rentrant chez moi. Puis quand j’avais grandis, j’avais finis par être haïs de ma famille entière lorsque j’avais décidé de quitter la maison pour me consacrer pleinement à devenir Jedi et lorsque c’était le cas, chaque plus petit choix que je faisais, mon Maître m’en faisait douter pour que j’en sois mieux sûre. Je ne suis pas sûre de moi, je n’ai aucune confiance en moi, je suis incapable de me dire « je suis la meilleure » ou « je peux faire ça », je me dirai toujours « j’ai eu de la chance » ou « aucune chance que j’y arrive ». Mon Maître a toujours essayé de me faire travailler ma confiance en moi mais hélas pour lui, il s’attaquait tout à la fois à un mur sans aucune oreille et à une volonté inébranlable de ne pas croire en soi. Je n’étais pas la plus douée, je n’étais pas la plus forte, je ne maitrisais pas la Force comme il le souhaitait, quelque part je n’ai jamais eu l’impression de pleinement réussir à satisfaire ses attentes, il voulait toujours plus et quand j’avais le sentiment d’avoir réussis quelque chose qui lui plairait, je réalisais rapidement que ce n’était que très rarement le cas. Je m’en voulais énormément que ça soit le cas, j’aurai aimé entendre rien qu’une fois de sa bouche qu’il était fier de moi. A présent, il ne risquait plus de le dire et moi, il ne me restait que des regrets, des souvenirs et des doutes, il m’avait sauvé la vie, à moi une Padawan insignifiante, alors que lui était un Maître avec tant de savoirs et de sagesse qu’il aurait pu partager avec des générations de nouveaux petits Jedi qui tous auraient été aussi heureux que je le fus de l’avoir pour apprendre la Force et le combat au sabre-laser. Moi tout ce que j’offrais, c’était ce que j’avais à offrir, du silence et d’être recluse sur moi-même, ça valait largement mieux que de douter en face d’un Maître Jedi qui n’attendrait pas pour décider que je ne pouvais, ni ne devais continuer à tenir un sabre-laser et user de la Force. Je ne sais pas si je suis née pour être Jedi, mais je sais que si on me le retirait maintenant, le sas d’évacuation du Somens-II serait un bon moyen de terminer mes jours, le froid glacial de l’espace me gèlerait entièrement dans la seconde même. Une mort indolore autant que brutale, ça serait la fin en moins d’un clignement de paupière. C’était peut-être le choix judicieux que je me devais de faire.

De mes états d’âme et mes doutes étaient nés quelque chose de différent, comme une certaine attirance pour quelque chose de nouveau que je ne connais pas, ce qui est certain, c’est que enfin le sabre-laser de ma mère s’est allumé...Ce qui est sûr aussi, c’est que ça ne fut en aucun cas pour aider à surpasser mes doutes, car ce sabre avait pris une couleur qui en disait extrêmement long sur ce dont il retournait. J’étais la fille d’une Sith, le seul artefact dont j’avais hérité de ma mère était un sabre-laser Sith, la preuve de ce qu’elle fut, la preuve de ce que peut-être je devais moi-même être, étais-je faite pour être Sith ? Et si c’était ça la vérité ? Si depuis le début, mes questions incessantes et mon besoin maladif de toujours tout comprendre sur la Force et pourquoi on agissait ainsi et pas autrement n’avait en réalité jamais été qu’une attirance pour le Côté Obscur ? Je ne sais pas, je ne sais même pas si je veux savoir ou non de quoi il retourne avec précision, ce qui est sûr, c’est que j’ai besoin de me calmer, d’arrêter ces cauchemars incessants, d’arrêter de douter, j’avais besoin de certitudes, j’avais besoin de me retrouver, de retrouver la Padawan que j’avais été, celle que je voulais être, une vraie Jedi pas cette loque qui cauchemardait, se réveillait sans se rendormir, cette créature associable qui restait enfermée des journées entières dans sa chambre. Je n’osais même pas en parler à un Maître, il voudrait de suite que je me trouve un autre Maître, mais si je n’étais pas prête à ça ? Si je ne voulais pas ? Si je lui faisais du mal ? Pire encore, si je causais sa mort à lui aussi ? Je sais que je devrai penser que mon ancien Maître a simplement retrouvé la Force mais ce n’est pas la vérité, il est tout simplement mort, en même temps que Dantooïne a été détruite. Sa mort était évitable, si seulement il n’avait pas voulu à tout prix que je vive, si je ne m’étais pas laissé droguer aussi facilement, si j’avais sentis ce qu’il allait faire, si j’avais...si j’avais été une meilleure Jedi, si j’avais été assez forte, assez préparée, assez entrainée, si j’avais été la meilleure tout simplement, ça ne serait pas arrivé. Mais vouloir être la meilleure, n’est-ce pas un raisonnement Sith ?

Le comportement que j’ai avec ce droïde, bien que je crois qu’il m’eût vraiment tué, n’était-il pas lui aussi un comportement de Sith ? Je flirtais avec le Côté Obscur parce que cette agressivité me libérait et me faisait beaucoup de bien, ça soulageait mon âme, ça soulageait mon être, je me sentais à la fois épuisée et pourtant dans le même temps tellement mieux. Et si les Sith avaient raison ? Si le salut était dans l’écoute et la réalisation de ses émotions ? Moi ça m’avait fais un bien fou de botter le cul à ce droïde en laissant libre court à mes émotions. Une voix me fait lever les yeux, je savais que je n’étais plus seule, je n’imaginais pas que ça puisse être un Maître, je me relève et m’incline légèrement en signe de salutation et de respect :

- Bonsoir Maître.

Je me garde de sourire quand il prend la parole, je doute qu’il n’ait été là pendant le combat et qu’il ait vraiment réalisé le changement chez le droïde. Ce n’est pas pour rien que ces droïdes étaient utilisés comme garde du corps par ceux ayant pour ennemis les Jedi. Je le laisse s’approcher avec son sourire, rangeant un de mes sabre-laser à sa place, gardant l’autre en main. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête d’un Maître Jedi et « il faut que tu apprennes à te méfier de tout le monde Naélindra ». C’étaient là les paroles de ce Maître qui m’avait droguée et fait monter à bord d’un vaisseau pendant mon inconscience, alors je suppose que oui, il faut se méfier de tout le monde.

- Sauf votre respect, Maître, je pense que le droïde dont vous parlez est celui qui répond à la puce sur le banc là-bas. Vous n’aurez qu’à vous frotter à lui quand je l’aurais réparé avec cette nouvelle puce que j’ai mise, vous me direz ce que vous pensez de ça.

Ce n’était pas un défi mais un constat, si il se croyait tellement capable, qu’il le démontre.

- Et je vous demanderai de ne pas mettre en doute ce que mon Maître m’a appris, ni sa façon de faire, aussi peu orthodoxe fut-elle. Je pense que ceux qui sont retournés à la Force sur Dantooïne comme feu mon Maître, méritent qu’on respecte ce qu’ils ont accompli. Si je ne suis pas un modèle de réussite alors tant pis, je n’ai jamais terminé ma formation à ces côtés, ce n’est pas plus sa faute que la mienne, et croyez que si ça n’était vraiment que de moi, j’adorerai que vous ayez cette conversation avec lui et que je sois morte sur Dantooïne ainsi qu’il aurait dû en être.

La réaction de la jeune femme fut des plus prévisibles. Comme il s’y attendait, la jeune femme fit preuve d’une méfiance et d’une brusquerie caractéristique des jeunes gens prient en faute. Cependant, Jilano décela aussi un caractère bien trempé, doublé d’une farouche détermination à ne pas trahir ce qu’elle ressentait vraiment. A bien des égards, il lui avait ressemblé dans sa jeunesse, si l’on exceptait bien sur le côté obscur qui flirtait autour d’elle. Lui-même n’avait jamais ressentit d’attirance pour les ténèbres, il était sans doute trop profondément Jedi pour cela, mais il ne connaissait que trop bien les terribles dégâts qu’il pouvait en résulter. Si cette jeune fille sombrait, elle deviendrait l’origine d’innombrables atrocités qui finirait par la perdre. Elle n’avait rien à gagner en rejoignant les ténèbres, mis à part la tristesse, la colère et la haine. De tels ingrédients ne pouvaient convenir à cette gamine si prometteuse, il refusait de la croire. Il se contenta donc de la laisser parler en silence, son regard acéré toujours fixé sur elle. La jeune femme semblait avoir trafiqué le droïde pour le rendre plus performant, ce qui expliquait manifestement l’effort qu’elle avait du fournir pour en arriver à bout. Cet aveu le laissa de marbre, mais s’il se promit d’étudier plus en profondeur les capacités de cette machine. Si la Padawan disait vrai, ces puces pourrait peut être se montrer utile.

-Je n’y manquerais pas. Je suis curieux de voir les prouesses que peux réaliser cette fameuse puce. Est-elle de ta conception ?

Encore une question badine lancée sur le ton de la discussion destiné à la faire parler d’avantage. Cette réserve, quoi qu’encore indéfinissable, devenait de plus en plus évidente. Réserve qui devint presque chagrin lorsqu’elle se remit à parler. Si ce qu’il avait senti semblait pour le moins inquiétant, les mots de la jeune humaine finirent d’inquiéter Jilano. Sur un ton presque agressif, elle le défendit de critiquer l’entrainement qu’elle avait reçue de son Maître, qui selon ses dires avait trouvé la mort sur Nantoo Dei. Cette révélation cessa de faire sourire Jilano, qui laissa tombait l’attitude nonchalante et décontractée qui fut la sienne jusqu'à présent, se parant d’une gravité et d’une sévérité dont il n’usait que rarement. Il compatissait sincèrement à la douleur de la jeune femme, il pouvait même la comprendre. Lui-même avait perdu bon nombre d’ami au cours de ce jour maudit, sans compter ceux qui avait rejoint la Force avant cela. La mort faisait partie de la vie d’un Jedi, qui devait apprendre à ne pas redouter sa finalité pour mieux l’appréhender. Si Jilano comprenait ce concept ardu et paradoxal, il pouvait comprendre que ce ne soit pas le cas d’une jeune élève. La tristesse la rongeait de l’intérieur, transformant sa peine en colère, ce qui consistait pour le côté obscur l’occasion parfaite pour s’insinuer en elle.

-Tu à raison, jamais je ne te critiquerais l’œuvre de ton maître. En revanche, je trouve tu fais preuve d’une prétention qui frise l’imbécilité. Crois-tu être le seul à avoir perdu un être cher durant la destruction de Nantoo Deï ? C’est le cas de chaque personne, Jedi ou non, qui se trouve sur l’un des vingt-cinq vaisseaux de notre flotte. Quand à tes prouesses martiales, parlons-en ! Elles sont au mieux hésitantes, et ta colère altère ta raison au point ou tu fais honte à l’enseignement que ton mentor ta légué. Si tu veux vraiment lui faire honneur, comporte toi comme une Jedi.

Comme elle pouvait le constater, Jilano lui aussi savait faire preuve de caractère. S’il n’aimait pas se montrer di dur et critique envers les étudiants, il savait que celle la avait besoin de repaire que personne ne lui donnait. Cette pensée le fit presque soupirer, bien qu’il s’en abstint.

*Il faut vraiment que ce genre de choses n’arrivent qu’a moi…*

Tout en se demandant pourquoi diable la Force l’avait mené ici, il continua de fixer la jeune femme. Il ne savait pas comment elle allait réagir, il s’en moquait à vrai dire, mais il était bien décidé à faire tomber les défenses qu’elle avait érigée autour de son cœur.

-Tu veux vraiment mourir ? Parce que si tel est le cas, je serais ravie de t’y aider.

Sans prévenir, barrant toujours la sortie devant lui, il alluma son sabrolaser d’un geste fluide rendu flou par sa vitesse. Une douce lueur argentée illumina soudain la salle, noyant les deux protagonistes de sa lumière. Elle venait de parler de méthodes peu conventionnelles ? Ça tombait vraiment à pique puisque Jilano avait lui-même subit un entrainement particulier. Son ancien mentor, Liara Voss, possédait des méthodes bien à elle…

-Ne vois tu pas le gâchis auquel tu te livre ? Ton potentiel est grand, et le voir ainsi gâché me navre.

Il était maintenant de la tester un peu. Jilano était convaincu que la jeune femme ne commettrait pas la folie de répondre à son défi, aussi se contenta-t-il d’adopter une garde assez détendue. L’objectif était toujours de la faire parler, de découvrir le nœud du problème, même s’il était convaincu de s’en approcher.

Invité

J’imagine avec une aisance assez douloureuse la claque que m’aurait mise mon Maître pour avoir flirté de la sorte avec le Côté Obscur pendant ce combat. Pourtant elle, puisque mon Maître avait été une femme, avait toujours dis qu’il ne fallait pas hésiter à oser gagner, dans le fond je crois bien qu’elle n’avait jamais totalement écarté le Côté Obscur de sa conception de la Force, aujourd’hui plus que jamais, ça me semblait évident, ou peut-être que je voulais que ça soit le cas parce que ça me facilitait la vie pour expliquer mes agissements. J’étais perdu, complètement perdue, je me jugeais indigne d’avoir un Maître, je me jugeais incapable d’être une Jedi et plus je doutais et pire c’était, mes cauchemars ne faisaient que empirer, ils n’étaient que plus nombreux de jour en jour, ils me pourrissaient mes nuits, m’empêchant de dormir, mes nerfs étaient à vif par le manque de sommeil, beaucoup de choses me manquaient, j’étais épuisée et je le cachais dans une certaine nervosité qui n’était pas vraiment mienne. Je n’étais plus vraiment moi-même depuis longtemps, j’avais beaucoup de mal avec ça, je n’y arrivais plus, je doutais de tout, de mes motivations, de ma capacité a être Jedi et chaque fois que j’arrivai à entrevoir une lueur d’espoir, autre chose arrivait, le coup de grâce, ma mère était Sith...Comment devais-je composer avec ça ? Est-ce qu’être Sith a un côté héréditaire ? Je l’ignore, ça m’inquiète, et la présence de ce Maître, ici ce soir ne me rassure pas des masses. J’écoute ce qu’il dit, cherchant visiblement à me faire parler, ça manque un peu de finesse mais c’est bien essayé, je dois le reconnaître :

- Non elle n’est pas de ma conception, c’est une vieille puce d’un droïde garde du corps de classe Magna IG-100. La puce est très vieille et j’ai dû la remettre à neuf, mais ça s’arrête là. Je vais essayer d’adapter l’autre pour qu’elle offre un challenge aux Padawan expérimentés tout en laissant le côté facile pour les plus jeunes Padawan qui débutent.

Un beau programme si je parvenais à y arriver, mais pour l’heure, je crois que le Maître Jedi a surtout envie que je parle, c’est ce que je fais, en parlant de mon Maître, un peu emportée dans mes mots, on ne touche pas mon Maître, elle m’a protégée, elle m’a sauvée la vie d’une vie d’esclave. Le malheur du Jedi face à moi est d’être un homme, je n’ai aucune confiance dans les hommes de manière général, les seuls qui ont été dans ma vie étaient mes frères et mon père...Qui ne voyaient en moi qu’une esclave sans aucun but, aucun avenir, ni aucune chance de devenir, ni réussir quoi que ça soit. Alors malheureusement je crains qu’être un homme ne soit pas un avantage face à moi. D’autant que je suis obligée d’avouer que ce qu’il dit peine à me toucher, je n’ai pas choisis de perdre quelqu’un sur cette planète, dans la destruction de cette planète, c’est arrivé sans que je ne le veuille, je devais mourir sur cette planète, j’aurais dû y rester et mon Maître aurait dû survivre, aujourd’hui tout était à l’envers, ce n’était pas ce qui devait être, ça n’était pas normal. Et visiblement le Maître Jedi refusait de le comprendre, ses mots me touchent mais pas dans le sens où il semble vouloir le faire, l’emportement gronde en moi, si il n’était pas un Maître, j’aurais sans doute déjà imprimé ma main sur sa joue. Je sers ma main sur mon sabre-laser pour tenter de me calmer :

- Ecoutez-vous seulement ce que je dis ou n’est-ce pas la peine que je parle ? Elle n’aurait pas dû mourir, c’était elle qui devait partir sur ce vaisseau, pas moi. Elle m’a droguée dans un verre « d’adieu » et m’a embarquée à sa place, comment voulez-vous que je vive avec ça ? Elle a sacrifié sa vie pour moi, et ça n’aurait pas dû être ainsi, elle était une Maître, elle avait des savoirs à partager avec des jeunes Jedi, moi je n’ai rien...sauf mon incompétence à me rendre compte qu’on me drogue et apparemment mes lacunes dans le domaine martial, sans oublier que je ne me comporte pas comme une Jedi, c’est ce que vous avez dis, je me trompe ? Alors comme quoi ? Une Sith ? Une idiote ? Qu’est-ce qui me définit le mieux hein ?

Il est facile de sentir dans mes mots que ma colère est plus braquée sur moi que sur lui, je me déteste, je suis en colère contre moi-même, contre mes faiblesses que je ne sais pas combler, conter mes peurs, contre mes doutes, je me déteste et il peut l’entendre sans aucun problème. Ses mots me font hausser les épaules, il veut m’aider à mourir ? Tiens encore une fois, il me prouve que je ne dois pas avoir confiance dans les hommes, qu’ils ne savent communiquer que par la violence, en prouvant qu’ils sont les plus forts, il est exactement comme mon père, comme mes frères, prouver qu’il est le plus fort, je le défie du regard :

- Qu’attendez-vous ? Je ne suis même pas une Jedi selon vos mots, alors je ne suis même pas un défi.

La suite n’aide franchement pas, sa façon d’allumer son sabre-laser tout en parlant de gâchis de talent, j’en souris.

- Vous allez me botter le cul, qu’est-ce que ça prouvera ? Qu’un Maître Jedi est plus fort qu’un Padawan ? Avouez que c’est plutôt pathétique. Vous êtes comme tous les hommes, prouver qu’on est le plus fort par la violence. Vous savez quoi, je vais accepter voter défi et une fois que vous m’aurez battu, vous n’aurez qu’à me considérer comme votre esclave, ça vous convient ? Comme ça vous gagnez quelque chose au moins à prouver votre supériorité.

J’allume mon sabre-laser moi aussi, adoptant une position de Djem So plutôt agressive, de toutes façons je vais perdre, autant le faire en attaquant, et c’est exactement ce que je fais, pas de façon irréfléchie, je veux lui offrir un minimum de défi, après tout mon Maître avait vu en moi le potentiel de devenir Chevalier Jedi, c’est que je dois savoir me défendre un minimum non ?

Les jeunes sont d’inqualifiables imbéciles. En dépit des nombreuses qualités qu’il pouvait déceler en elle, la jeune Padawan en était le parfait exemple. Alors sa colère s’intensifiait, elle se mit à parler vraiment. Le dégout qu’elle éprouvait pour elle-même l’empêchait d’avancer, tout comme la tristesse qu’elle éprouvait la faisait chanceler. Pourquoi n’avait-il pas su le voir plus tôt ? En tant que Maître Jedi, il était de son devoir de veiller sur les élèves pour que ce genre d’idée ne les consume pas. Vraisemblablement, ni lui ni ses paires n’avaient su déceler la faille qui avait étiolée l’âme de la jeune femme, faille qui s’était peu à peu transformer en un gouffre béant de solitude et de mal être. L’intérêt qu’il éprouvait tout à coup pour cette jeune fille se mua en détermination. Il ne laisserait pas cette gamine sombrer et tenterait pas tout les moyens de l’aider pour retrouver enfin la paix. Une correction n’effacerait rien, seul le temps et l’acceptation pouvait lui être bénéfique.

Sauf que cette dernière ne semblait pas l’avoir compris ainsi. Prenant l’invitation de Jilano pour un défi, elle dégaina son sabre et se mit en garde. Son regard trahissait le feu qui la consumait et le Maître Jedi ne doutait pas une seule seconde qu’elle l’attaquerait. Il aurait aimé le voir reculer, prendre en considération qu’un Jedi jamais ne devait utiliser la violence comme premier recours. Visiblement, ses sentiments l’empêchaient de raisonner correctement, ce qui risquait de compliquer sa démarche. Elle semblait détester les hommes de façon corrosive, petit détail que Jilano enregistra avec soin. Il aurait aimé connaître la jeune femme devant, son histoire et ses peines, n’importe quoi susceptible de la ramener vers la lumière, mais allait devoir faire sans…

-Un défi n’est pas forcément une lutte physique, Padawan. Effectivement, tu en représente un pour moi.

Sans attendre de répondre, il éteignit son sabre laser et s’avança comme si de rien n’était. Qu’elle soit en garde et lui désarmé, il savait pouvoir prendre le contrôle de la situation à tout moment. La Jedi Gardien ne pensait pas avoir à se défendre à la cour de cette discussion, mais vu la fragilité émotionnelle de la jeune femme, il fallait se préparer au pire.

-Je me présente, Jilano Alhuïn, Maître Jedi membre du conseil. Tu peux toutefois m’appeler Jilano, je n’aime pas beaucoup qu’on m’appel Maître.

Le ton de Jilano avait perdu de sa dureté. Il parlait à présent avec la légèreté et la nonchalance que chacun lui connaissait. Il avait vu combien il était inutile de braquer la jeune élève, il fallait donc tenter une autre approche. Sans que la jeune femme puisse s’en rendre compte, il s’immergea dans la Force pour atteindre le stade du point de rupture. Au fils et à mesure de son immersion, il distingua les lignes invisibles qui reliaient la Padawan au reste de l’univers. Comme il s’y attendait, elle semblait luire de rouge du côté obscur, et les principaux liens qui la retenaient aux êtres vivants n’étaient que colère, déception, humiliation et rejet. Un seul rayonnait, même si son éclat semblait terni d’un gris fait de tristesse et de regret.

-Ton Maître à fait ce qu’il devait faire. Tu représente à toi seul son héritage, et tant que tel tu dois continuer à faire face. Pourquoi t’aurait-elle sauvée si ce n’était pas le cas ? Survivre lorsque l’on n’y ait pas destiné n’est pas facile, seulement sombrer dans le côté obscur ne t’aidera pas. Tu dois accepter Padawan, et ensuite seulement tu parviendras à vivre en faisant honneur à celle qui à tout fait pour cela. Je sais combien ce chemin est ardu, crois moi, puisque je l’ai moi-même emprunté.

Jilano ne savait pas quel impact aurait ses paroles sur la jeune femme. Il ne cherchait pas à la consoler, jamais il n’y parviendrait, mais il essayer d’apporter une aide que son expérience avait rendu tangible. Maintenant que son chemin avait croisé celui de cette petite âme perdue entre lumières et ténèbres, il devait lui apporter sa propre lumière.

-Si tu le souhaite, je pourrais t’aider à dire au revoir plus convenablement à ton Maître.

Invité

J'étais venue là expressément pour y trouver du calme et de la solitude, j'étais venue à cette heure-là précisément parce qu'il n'y aurait absolument personne et que je voulais avoir la paix. Je ne m'entrainais plus avec les autres Padawan, je n'affrontais plus d'autres Jedi pour m'entrainer, je n'utilisais plus la Force qu'en ma seule et unique présence. Je vivais dans un petit monde reclus, loin de tous les autre Jedi, c'était mon univers à moi, mon monde où rien ne m'atteignait et si précisément je courrais après la solitude c'était parce que je ne voulais pas qu'on me voit douter, qu'on me voit faible, qu'on me voit pathétique comme je l'étais en ce moment. Mais la Force a plus d'un tour dans son sac et ce qu'on a n'est hélas que très rarement ce qu'on veut, aussi, si la salle fut déserte comme j'en rêvais, que la puce marche mieux que je ne l'avais imaginé et que j'avais manqué de me faire tuer par un robot que j'avais finalement transformé en tas de ferraille hors d'usage mais que je réparerai très prochainement parce que visiblement depuis que je l'avais remis en état il était utilisé, à présent les choses changeaient, pour cause, un Maître Jedi me tombait dessus et bien sûr, il n'avait pas manqué de remarquer que mes pensées doutaient, avaient peur et se repliaient sur elles-mêmes, je déteste les Maîtres Jedi, leurs cacher des choses est trop difficile.

Sa démarche est uniquement et simplement de parler au début, mais si lui veut radoter, pourquoi moi je le voudrais forcément ? Qu'il aille discuter avec quelqu'un d'autre ! Moi tout ce que je veux, c'est la paix et c'est tout, ne pas avoir à dire le moindre mot, pouvoir faire librement exactement ce que je veux, c'est ça le principe de l'entrainement de nuit. De ne pas aller vers les autres, de se replier un peu sur soi. J'aimais ma solitude, je l'embrassais avec passion et elle me rendait une étreinte chaude et agréable, je prenais beaucoup de plaisir à ça. Malheureusement ici sur ce vaisseau, personne ne semblait vouloir me foutre la paix quand je n'étais pas enfermée à double tour dans ma chambre. Pourquoi personne ne voulait comprendre que ma solitude était ma plus grande alliée, qu'elle ne m'avait jamais trahie, que d'elle au moins, je ne doutais pas. La solitude ne me droguerait pas pour me faire vivre à sa place, la solitude ne me ferait pas passer pour une idiote incapable de se rendre compte qu'on est en train de l'empoisonner avec un verre de somnifère. La solitude...La solitude me rongeait et me tuait, mais moi, la fille d'une Sith, comment pourrai-je m'exposer fièrement comme une Jedi alors que peut-être qu'il était inscrit dans mon sang et dans mon être de ne jamais être plus, mieux, qu'une Sith. J'ai vu des Sith à l'oeuvre, je les ai vu prendre des vies innocentes et détruire des gens pour le plaisir, mais suis-je comme eux ? Et si c'était la Force qui avait voulu que le jour de mes épreuves pour devenir Chevalier Jedi, soit le jour de l'embarquement pour quitter la planète ? Etait-ce une façon de dire que je ne devais pas poursuivre ma voie chez les Jedi ?

La démarche du Jedi face à moi vire d'ailleurs au Sith quand il prend son sabre-laser, nous y voilà donc, le moment où je suis déçue, le moment où je tombe de haut, le moment où je découvre une fois de plus qu'on ne peut pas se fier à un homme. Prouver sa valeur en allumant son sabre-laser, c'est bien une démarche de mâle, un bon combat et ça repart...Ce dont j'aurai vraiment besoin...Je doute qu'il en soit capable, et je ne parviens même pas à apprécier ses efforts et sa tentative dans la colère bouillonnante que je sens exploser en moi tandis que je fixe la lame de son sabre. J'allume mon propre sabre et lui propose directement de m'avoir pour esclave si il me bat, quitte à me faire botter les fesses et à ce qu'il prouve sa supériorité, autant qu'il y gagne autre chose, parce que j'imagine mal qu'il aille se vanter d'avoir vaincue une Padawan. Son attitude change soudainement...oh mince, le voilà qui va tenter une approche différente, par pitié que quelqu'un me désintègre. Il pense tellement comprendre, pourquoi ne comprend-il pas alors que je veux juste qu'on me foute la paix ? Demain matin, je serai calmée, je m'excuserai et on en parlera avec le sourire, mais ce soir j'ai failli être tuée par un droïde, je suis en pétard, incapable de me calmer et on vient perturber le seul moment où je sors de ma chambre. Il range son sabre et avance, je recule d'un pas quand il s'immobilise fnalement.

- Contente de voir que je vous suis utile pour prouver que vous êtes capable d'être un bon Maître Jedi. Mais méfiez-vous, parfois certains défis sont impossibles, même pour un grand Jedi.

Il n'y a pourtant aucune arrogance dans ma voix, je crois être un grand défi pour quiconque voudra me ramener dans la lumière, parce qu'il ne devra pas lutter simplement contre mes doutes, mais aussi contre la haine viscérale que je me voue à moi-même. Je me déteste d’être en vie, je me déteste que mon Maître soit morte pour que je vive, je me déteste de ne pas avoir été assez lucide pour remarquer qu'elle me droguait, je me déteste de ne pas être la Jedi qu'elle pensait que je serai un jour, je me déteste pour avoir du sang Sith dans les veines...Il y a tellement de raisons pour lesquelles je me déteste. Pourtant pas d'arrogance dans ma voix, je ne me vante pas d'être impossible à sauver, je le crains et je le crois réellement, jusqu'au plus profond moi-même, j'en suis totalement convaincue et je n'en démordrai sans doute jamais. Voilà qu'en prime le Jedi me joue la carte du Maître Jedi "bon pote", ma voix tonne :

- Arrêtez de me prendre pour une débile ! "Tu peux m'appeler Jilano", vous êtes un Maître, Maître. Je ne tutoyais pas mon propre Maître, ni ne l'appelait pas son prénom après neuf années à ses côtés.

Mon sabre-laser toujours allumé dans la main, je regarde le Maître Jedi, sans réaliser qu'il essaye de m'aider, je me sens agressée, j'ai l'impression qu'il entre dans mon espace vital. Mon père aussi me rendait des visites nocturnes quand j'étais seule, mon dos et mes fesses portent encore la marque de sa violence, ne réalise-t-il pas que j'ai peur des hommes ? Surtout seule à seul avec d'eux, surtout dans la nuit, surtout quand tout le monde dort, surtout...surtout quand je serai incapable de faire face. Je n'aime pas les hommes, je n'arrive pas à faire l'effort, pourtant lui, ça devrait être facile, il est Maître Jedi, je devrai pouvoir m'ouvrir à lui avec une facilité déconcertante, mais non, Maître ou pas, je n'arrive pas à voir plus loin que l'homme, différent et pourtant...pourtant il est un mâle, comme mon père qui me traita comme une esclave, je croyais être au-dessus de ça, mais mes doutes sur ma capacité à être Jedi m'avait visiblement affectée plus que je ne l'avais imaginée.

Il continue de jouer la carte du philosophe, sa première phrase seule à le don de me faire avoir un petit rire, juste une petite seconde d'un rire nerveux...fait ce qu'elle devait faire, non elle devrait être là, en vie ! Pas en cendre à flotter dans l'espace éparpillée un peu partout et nul part à la fois ! En prime, le voilà qui compare nos expériences, peut-être bien qu'il a vécu lui aussi la mort d'un Maître, mais je ne crois pas que ça soit comparable, mon Maître avait été beaucoup de choses pour moi, en prime d'avoir été une Maître attentive et attentionnée, elle avait aussi été la mère que je n'avais pas eu, elle avait été l'amie à qui me confier, l'amie qui vous pousse toujours plus loin quand vous croyez avoir atteint les limites, et elle m'avait sauvée la vie en me tirant hors des griffes de mon père, sans elle je serai sûrement toujours esclave, je serai sûrement toujours à la merci de mon géniteur, peut-être même à présent de ses volontés sexuelles...Non, Dantooïne est détruite, je serais donc morte...Ainsi qu'il aurait dû l'être.

- Je ne voulais pas être son héritage, je suis pathétique et lamentable, une Jedi faible, incapable de se rendre compte qu'on la drogue, incapable de ne pas douter d'elle. Elle aurait pu entrainer tant d'autres Padawan, les former et les faire évoluer, pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai de spécial ?

C'est là que, hélas, il prononce les mots de trop, ceux qui me font exploser, cette fois mon sabre n'est plus en position défensive mais pointe vers lui, je me prépare une seconde, le temps de dire :

- Ne parlez plus d'elle !

Et j'attaque, sans vraiment réfléchir, j'arme mon coup et je me lance, après tout, c'était son idée non ?

Colère et rejet se disputait à l'intérieur de la jeune femme, ouvrant des brèches béantes dans la muraille qu'elle avait érigée entre son cœur et le reste du monde. Au final, Jilano était plutôt satisfait d'avoir réussi à percer cette barrière. Grâce au point de rupture, il pouvait remonter jusqu'à l'être profond de la jeune faille en utilisant ses lignes de failles. C'était un exercice difficile qu'il ne maitrisait pas complètement, aussi ne fut-il pas surpris devant les difficultés qu'il éprouvait à lire et démêler correctement ces lignes. Elles étaient trop nombreuses, trop sombres et auréolés de tant d'émotions négatives que ce n'était de toute façon pas la peine de s'y attarder trop longuement. La vie sans doute difficile de la Padawan l'avait vraisemblablement amenée à ce qu'elle était aujourd'hui et il faudrait beaucoup de temps pour réparer l'ensemble des dégâts. Heureusement pour lui (mais certainement pas pour elle) Jilano savait faire preuve de patience dans ce genre de situation. Après tout, lui aussi avait connu de nombreux doutes au cours de son initiation aux voies de la Force.

Mais en dépit de la décontraction dont il faisait preuve, la jeune femme s'obstinait toujours à le rejeter. Elle daigna répondre à sa demande et se borna à l'appeler Maître, ce qui fit presque sourire Jilano. Lui même avait eut du mal à tutoyer Liara au début, même si cela était venu avec le temps. Faire preuve d'une telle réserve envers un inconnu était somme tout normale. De plus, le dégout qu'elle ressentait pour elle même depuis la mort de son ancien Maître ne devait pas aider.. Elle se détestait, c'était claire, sans doute plus qu'elle détestait le monde. Elle semblait enfermée dans son propre univers, seule et triste, sans que rien ne semble pouvoir la ramener à la réalité. Après s'être conspuée avec la plus grande application, elle se décida enfin à écouter le Maître. Lorsqu'il lui proposa de l'aider à entrer en contact avec celle qui lui avait sauvé la vie, il sentit les derniers jalons qui la retenait céder. Après un cri bref dont il ne parvint pas à comprendre le sens, elle changea de garde et fonça sur lui, Sabrolaser au claire. Le coup qu'elle décocha était rapide, précis et mortel. Elle semblait bouger avec la grâce et la fluidité d'une danseuse, ce qui soulignait son talent et son aptitude à manier le Sabrolaser. Avec une attaque pareille, elle aurait pu abattre un militaire chevronné sans la moindre difficulté.

Son sabre ne fit qu'effleurer Jilano, qui s'était mis en mouvement au même moment que la Padawan. Devenu véritable feu follet, il se glissa sous la lame d'énergie pure, la frôlant au point ou des cloques se formèrent sur sa joue droite. Cette douleur minime ne le déconcentra même pas, puisqu'il s'approcha de l'impudente de très prés, assez en tout cas pour l'empêcher d'utiliser son arme sans être gênée. Pour faire bonne mesure, il frappa deux fois.

Une fois avec le pied. L'autre avec le plat de la main. Le premier coup atteignit la jeune femme juste en dessous du genou, l'autre frappa le poignet sa main armée, ce qui eut effet de la désarmer. Conscient du déséquilibre soudain de la Padawan du à sa première attaque, il n'eut qu'a utiliser une petite poussée de Force pour la faire basculer en arrière. Au final, la scène n'avait durée que quelques secondes. Aucune émotion ne se lisait sur le visage de Jilano, mais pourtant sa présence dans la Force trahissait un certain amusement. Dire qu'il s'attendait à une réaction de ce genre aurait été un euphémisme.

-Utiliser la colère au cour d'un affrontement ne te mènera qu'a la défaite. Certes, tu y gagnera en puissance brute, mais elle t'enlèvera la concentration nécessaire pour gagner. De plus, Nous autres les Jedi ne l'utilisons pas, elle mène au côté obscur.

Il insista bien sur le nous, lui montrant ainsi qu'il la considérait encore pour une Jedi. En dépit de la noirceur qui suintait à présent de chaque pore de sa peau, il parvenait toujours à sentir les vestiges de la lumière l'habiter. Cependant, le fait qu'elle décide ainsi d'attaquer un Maître Jedi n'augurait rien de bon. C'était claire à présent, elle représentait autant un danger pour les autres que pour elle même. Dire que s'il ne parvenait pas à la raisonner, il serait obligé de parler de cette rencontre au conseil... Il y avait des moments ou le devoir pesait sur ses épaules. Il balaya cette pensée soudaine et décida de se concentrer sur la situation. En dépit de la correction qu'elle s'était prise, ou à cause de cela, la jeune femme pouvait toujours l'attaquer. Comme pour montrer le peu de considération qu'il offrait à cette possible réaction, il utilisa la Force pour faire léviter le sabre de la Padawan et lui remettre en main. Il se rapprocha jusqu'à ce qu'il touche presque la jeune femme encore à terre, s'ouvrant à la Force dans l'espoir qu'elle accepte de communier avec elle. Si elle ne lui faisait pas confiance, tout ce qu'il faisait ne servirait au final à rien.

-Écoute, je ne sais pas si tu t'en rend compte, mais j'essaye de t'aider. Te dire que je connais ta douleur ne semble pas te toucher, mais pourtant crois moi j'en ai fait l'amer expérience. Refouler ta peine, la garder pour toi seul, ne fera que te détruire un peu plus. Partage la, fais la sortir pour mieux l'appréhender, laisse moi une chance de te montrer à quel point tu fourvoie.

Pour une des rares fois de sa vie, une douceur remplaça le ton ton débonnaire de sa voie. Il approcha sa main lentement, presque délicatement, jusqu'à toucher le front de la jeune femme du bout des doigts. La Force faisait écho à sa détermination, courant puissant mais au combien pur qui coulait en Jilano. Il n'était plus un simple maître Jedi, enfermé dans un corps étroit et dans un vaisseau qui ressemblait chaque jour d'avantage à une prison.

Il n'était que lumière. La Force était Jilano et lui même était elle. Complémentarité parfaite, partage épurée à la saveur de la vie, il offrit son esprit à la jeune femme comme le faisait les Jedi entre eux. Bien sur, il était interdit de faire partager ce genre d'expérience à un Padawan, le conseil jugeant de ce genre d'immersion encore trop risqué pour un Jedi en cours de formation. Si jamais ses paires l'apprenait, il allait devoir négocier avec subtilité pour ne pas être être sévèrement réprimander... Sauf qu'en cet instant précis, il s'en fichait éperdument.

-Ce choix t'appartient, jeune demoiselle, et je te forcerais pas.

Invité

Pourquoi ne peut-il pas simplement m’écouter, qu’y a-t-il de compliquer dans le fait de comprendre que tout ce que je veux, tout ce que je demande, c’est d’avoir la paix ?! Je me fiche d’avoir une présence, je vis recluse dans un monde de solitude depuis deux années entières, croit-il qu’en un soir il va tout changer ? Croit-il vraiment pouvoir me sauver ? Ca ne peut pas être sérieux, ça doit être un vrai numéro comique ce Maître Jedi, mais très sérieusement, il commence vraiment à m’agacer, je n’aspire qu’à ce qu’on me foute la paix et lui il vient, non seulement au milieu de la nuit, quand je m’entraine pour personne ne vienne précisément m’emmerder, et en prime, il ne comprend pas que sa présence m’irrite. Qu’est-ce que ça lui apporte de rester et de tenter de me parler à moi ? Je suis un bloc fermé, je ne fais même pas semblant d’écouter, je m’en fiche complètement de ce qu’il peut me dire, je veux simplement comprendre, je veux savoir, je veux me trouver, je veux me retrouver, redevenir celle que j’ai été tant d’années et si pour ça je dois lui botter le cul, alors je le ferai. Et si il me bat, ce qui est hautement plus probable, alors tant pis, il adviendra ce qu’il adviendra, mais je ne vais pas me laisser faire, je ne compte pas me laisser marcher sur les pieds, je n’ai jamais eu peur de grand chose, il ne m’impressionne pas, je n’ai aucune crainte à l’affronter, s’il me tue les choses seront un peu plus comme elles devraient être, s’il me laisse en vie...Je continuerai de errer ainsi que je le fais en ce moment parce que finalement c’est ça ma vie, errer, sans trop savoir, d’abord esclave, puis jeune apprentie illettrée, puis Padawan, finalement ronin par la décision de son Maître à me sauver la vie, décision unilatérale et ne tenant d’aucune logique.

Et lui qui essaye de m’amadouer, il est juste pathétique, quel résultat espère-t-il obtenir ? Je n’ai pas envie de parler, je n’ai pas envie d’être avec d’autres personnes, je crois que je deviens doucement claustrophobe et complètement folle dans ce vaisseau, j’ai besoin de prendre l’air, après deux années entières, je n’en peux plus de tourner en rond dans ce monde de taule. J’ai besoin de voir des arbres, des plaines, des fleurs, de la vie autre que celle qu’on trouve sur un vaisseau ! Ca ne fait qu’augmenter encore mon malaise, plus encore que déjà tous mes doutes et ma haine envers moi-même, je suis très loin d’être celle que je serais en temps normal, je suis loin d’être moi-même, je ne suis plus que l’ombre pathétique de celle que je fus et le rêve déchu de celle que mon Maître voulait que je sois, mais les choses se sont passées de cette façon particulière et m’ont amenées à être aujourd’hui ce que je suis et si la moi d’il y a deux ans me voyait, elle aurait honte, mais la moi d’aujourd’hui a honte de celle que je fus, math nul, égalité, balle au centre. Je ne sais même plus laquelle de ces deux femmes est celle que je suis vraiment, je ne sais même plus laquelle je veux être, ni laquelle je suis supposée être, autant dire que je suis complètement perdue, je ne sais pas ce que je veux, pas plus que je sais qui je suis et qui je veux être, hélas je crains que ce malaise ne se guérisse pas avec les paroles du Maître Jedi, preuve en est, je finis par attaquer.

Je l’attaque, sans réfléchir, vive et précise, il esquive in extremis, je crois qu’il a eu très chaud, il approche, et me frappe, juste deux coups pour me mettre à genoux et me désarmer avant de me faire tomber à l’aide la Force. Je suis définitivement pathétique, même pas capable de tenir une minute face à un Maître Jedi...Et ça, ça veut devenir Chevalier Jedi ? Mon Maître m’avait visiblement énormément sur-estimée, je ferai peut-être mieux de laisser tomber, je ne me relève même pas, me contentant de m’asseoir, de toute façon, connaissant un peu les Maîtres Jedi, c’est l’heure du sermon, alors autant rester assise, au moins je m’effondrerai pas de sommeil à avoir entendu pour la centième fois la même phrase. J’écoute ce qu’il dit, les mêmes mots, presque disons, que mon Maître avait pour moi lorsque j’utilisais le Vaapad, je m’en souviens parfaitement, je me souviens de la gifle mémorable qui ponctua sa phrase, douloureuse gifle, ma main frôle ma joue sans que je ne le veuille à ce souvenir, mon Maître me manque vraiment.

- Et qu’est-ce qui vous fait croire que ce n’est pas au Côté Obscur que je suis destinée hein ?!

Ma voix tremble sous le doute, la colère et la peur, peut-être bien que c’est ma destinée de devenir une Sith, peut-être vaut-il mieux que j’abandonne la voie de la Force après tout, il vient de me ridiculiser en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, alors c’est que ça n’est sans doute pas pour moi. Je le vois récupérer mon sabre-laser en usant de la Force, il le fait venir jusqu’à ma main, je m’en saisis et le regarde, je ne comprends pas sa réaction, je viens d’essayer de le tuer, je jurerais lui avoir causée une brulure et lui me rend mon arme...Il essaye encore de copiner, mais ne comprend-il pas que je n’en ai AUCUNE envie ? Je veux juste qu’il me laisse méditer à combien lamentable je suis et à quel point il serait bon pour moi que j’arrête de penser être une Jedi quand je ne serais jamais qu’une pathétique petite chose qui ne représentera de dangers que pour des droïdes écervelés. Je le regarde approcher, il parle encore, je secoue doucement la tête en soupirant quand il dit essayer de m’aider, pourquoi n’ai-je pas le sentiment que c’est ce qu’il essaye de faire ? Ce qu’il me dit me faire sourire, très très jaune, mon regard devient plus sombre à nouveau et ma voix retrouve un côté plus assurée :

- Je ne sais pas à quoi vous jouez, Maître. Je ne suis ni votre amie, ni votre Padawan et moins encore votre cliente en psychanalyse. Combien de fois vais-je devoir vous dire que je ne veux pas ? Je peux faire ça des heures, vous vous lasserez avant moi.

Il approche encore et finit par poser sa main sur mon front, je tourne la tête mais ses doigts restent en contact avec mon front. Il veut ouvrir son esprit à moi mais je refuse, je ne laisse pas faire, détournant vivement la tête, j’utilise la Force pour le repousser et je me relève, sabre-laser dans la main droite et le second dans la main droite, j’adopte une position très agressive, rien que ma façon de me tenir est extrêmement violente, mais finalement j’éteins mes sabres, je les regarde et lui les lance, toujours éteints :

- Gardez-les. J’irai voir le Conseil demain pour qu’il accepte mon départ. Vous aviez raison, vous m’avez aidée à réaliser. Je ne suis pas faite pour suivre la voie de la Force.

Je me retourne et me dirige vers la sortie, me demandant ce qui pouvait encore arriver à présent.

La colère de la jeune femme était encore présente et pourtant, elle semblait se calmer. Non pas que les émotions négatives auxquelles elle sujette s'évaporaient, bien au contraire, mais il sembla soudain à Jilano qu'il était parvenu à dépasser le mur qu'elle tentait d'ériger entre elle et lui. Alors que la Force pulsait en lui, forte, vigoureuse mais pourtant empreint de sérénité, il tenta d'ouvrir l'esprit de la Padawan sans pour autant le forcer. Cette nouvelle tentative se solda pas un échec, la jeune femme refusant une fois encore son aide. Elle semblait tellement persuadée d'avoir fauté qu'il ne parviendrait pas à la faire changer d'avis aussi facilement. Pire encore, le peu de contact qu'elle s'autorisa à partager avec le Maître Jedi semblait l'avoir convaincue que les voies de la Force n'était pas pour elle. Après s'être relevée tout en tentant de le repousser avec la Force, elle lui lança ses deux Sabrolaser. Cette réplique laissa Jilano de marbre, qui se releva à son tour. Avait-il un jour pu se montrer aussi borné avec Liara? Ce fut sans doute le cas à de nombreuses reprises, et Jilano remercia la Force pour lui avoir octroyée une patience à toute épreuve. Ce qu'elle désirait le laissait indifférent, non pas en raison de son statue, mais bien à cause de la fragilité émotionnelle et psychologique qui était la sienne. Qu'elle que puisse être ses désirs, abandonner les Jedi équivaudrait à la laisser sombrer, ce qui était bien sur hors de question. Il avait déjà assisté à la chute d'un Jedi et n'était pas pressé de revoir pareil scène un jour. Surtout pas de la part de cette jeune fille qui semblait si prometteuse.

Aussi n'hésita-t-il pas à empêcher la Padawan de sortir de la pièce. Alors qu'elle se rapprochait de la porte, Jilano tendit la main, utilisant la force pour la fermer. Qu'elle que puisse être ses efforts, elle ne parviendrait pas à l'ouvrir tant que le Jedi Gardien le lui refuserait.

-Tu ne réalise rien du tout, petite idiote. Tout ce que tu fais, c'est te noyer dans ton propre désespoir, ce qui est d'une facilité abrutissante. Oui, tu n'es pas mon élève, mais tu reste une Padawan, ce qui m'oblige à ne pas t'abandonner. Que tu ne soit pas faite pour avancer dans les voies de la Force importe peu. Ton lien avec elle est fort, et que tu le veuille ou non, tu est capable de comprendre certaines réalités qui échappe aux gens normaux.

Ton Maître est mort pour permettre à ce lien de se développer, et toi, jeune impudente à la cervelle pas plus grosse que celle d'une mouche, tu souhaite t'en priver. Tu ne lui fait pas honneur, tu rend même son sacrifice inutile et dénué de sens.

Tout en jouant distraitement avec les sabres de la jeune femme, Jilano s'adossa aux murs, laissant à la jeune femme le soin de digérer ses paroles. Bien qu'il ne veuille pas la brusquer d'avantage, elle devait prendre conscience des implication de son choix. La vérité étant souvent plus difficile à énoncer qu'a entendre, il s'étonnait presque de ne pas la voir se jeter sur lui. Si seulement Maître Somens vivait encore, nul doute qu'elle serait parvenue à la faire changer d'avis. Il n'était peux être pas fait pour enseigner finalement... Ce détail, aussi désagréable soit-il, devait être pris en compte. Après tout, il n'avait jamais eut d'élève par le passé. Cette jeune femme représentait-elle un défi trop important pour ses modestes capacités de pédagogue? Il espérait sincèrement que ce fut pas le cas.

-Tu n'iras pas voir le conseil, pour la simple est bonne raison que tu viens d'attaquer un Maître Jedi en utilisant le côté obscur. Mon devoir consiste à te mettre aux fers et d'aller rendre compte au reste du conseil, qui statuera sur la punition appropriée pour un tel manquement. L'interrogatoire auquel nous te soumettrons sera bien plus rude que le miens, crois moi, et il conduira invariablement à ton enfermement, jusqu'à à ce que tu sois revenu sur les terres de la lumière.

En dépit de sa nonchalance retrouvée, l'on pouvait sentir un certain désappointement dans la voie de Jilano. Certes, il ne disait que la stricte vérité, mais cela ne l'empêchait de ressentir une certaine amèreté. Il ne voulait pas en arriver la, mais il savait également qu'il n'hésiterais pas. Si lui même était incapable de venir en aide à la Padawan, le conseil s'en chargerait, de gré ou de force.

-Je ne veux pas en arriver la. Quoi tu puisse dire ou penser, la Force me murmure que tu es faite pour devenir une Jedi. Nous commettons tous des erreurs au cours ne notre formation, mais cela n'altère en rien le serment auquel nous nous sommes engagés. Je vais maintenant ouvrir la porte, mais avant de me quitter, tu devras prendre une décision. Deviens mon apprentie et arpente avec moi le chemin de la lumière, pour qu'un jour tu puisse enfin être en paix avec toi même. Si tu ne le souhaite pas, ce qui est ton choix le plus légitime, alors je te mènerais à tes quartiers et je t'y enfermerait, puis j'irais rendre compte au conseil concernant notre altercation.

Joignant le geste à la parole, Jilano relâcha la pression qui permettait à la porte de rester close. Celle s'ouvrit dans un chuintement feutré, brisant le silence qui s'était installé entre les deux Jedi. Le Maître ne nourrissait aucune espérance, il savait pertinemment qu'elle serait le choix de cette dernière. Ce qui était bien dommage D'ailleurs, car elle l'obligerait à accomplir son devoir.

Invité

Puisque lui ne semblait pas franchement décidé à me foutre la paix, j’allais moi-même la quêter et faire en sorte qu’il me foute la paix, pour ça je crois bien ne pas avoir cent cinquante mille choix, il me fallait partir et l’abandonner ici. Les choses ne sont plus simples pour moi à bord de ce vaisseau et ce Maître Jedi était venu exactement au pire moment possible et imaginable, il était venu dans le pire timing de tous les temps, le seul moment à moi, le seul où je me sentais bien, où j’oubliais un peu le passé pour ne me focaliser que sur le moment présent, il fallait qu’il vienne me le perturber et me déranger, ne pouvait-on donc pas avoir à la paix à trois heures du matin sur ce vaisseau débile ?! Déjà qu’on vivait dans la taule, vingt-quatre heures sur vingt-quatre à se marcher sur les pieds les uns des autres, si en plus nos rares moment plaisant de solitude et de calme se retrouvaient perturbés par des chieurs de Maître Jedi, jamais je ne parviendrai à ramener un semblant de calme dans mon esprit et dans ma tête. Surtout quand c’est un Maître aussi borné que celui-là et aussi incapable de comprendre que si il veut vraiment bien faire, il ferait mieux de me laisser en paix, ça ne lui suffit pas de s’être fais attaquer ? Il veut quoi encore en prime ? Il m’a botté le cul, je me suis proposée d’être son esclave, c’est ce qu’il veut, qu’il ne se gêne pas, après tout mon père adorait ça et il est un homme comme un autre non ? Pourtant ce Maître insiste encore et toujours pour tenter de me calmer, ça ne rime à rien, ça n’a aucune logique, pourquoi ne voit-il pas simplement que je ne suis pas en état d’être calmée ? Je suis bornée, obstinée, sûre de moi, je sais ce que je dis...Mais définitivement pas ce que je fais.

Quand en prime il approche pour un partage de pensées, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, pour qu’il fouille mon esprit ? Non merci, aucune envie, mon esprit est bien assez dérangé sans subir en plus la visite d’un petit curieux ! Je recule ma tête et me relève en le faisant reculer, me mettant en position pour combattre, mes deux sabres-lasers dans les mains. Mais en fin de compte, je les luis donne, je les lui lance, j’ai fais assez de bêtises pour ce soir, notamment en l’attaquant et peut-être qu’il a raison, en trente secondes, il m’a bottée le cul, il a peut-être raison, peut-être que c’est une preuve de la faiblesse de mes choix, alors autant prendre un choix fort. Ne jamais revenir sur ses choix à mi-chemin, le crédo de feu mon Maître et soudainement, je crois que mon choix se profile, je le décide, c’est une décision qui se fait en quelques instants, c’est une décision que je crois bien être sans aucun appel, c’est mon choix et je suis sûre qu’il est bon. Je suis en train de suivre la voie Sith, il l’a lui-même dit, alors autant éviter de devenir ce que je voulais affronter et éviter d’être, autant choisir tout simplement de tourner le dos à la Force, c’est peut-être un choix sage, peut-être une bonne idée, même la meilleure que je n’ai jamais prise, mais même là, il trouve encore à redire, seulement c’est fini, je n’écoute plus :

- Je rendrai son sacrifice idiot et inutile en devenant ce qu’elle combattait plus encore qu’en évitant de le devenir. Son sacrifice n’aura pas été que vain, il aura été totalement inutile et débile si je finis Sith.

Je doute qu’il parvienne encore à me trouver un argument à ce que je viens de dire, il serait encore pire que tout de virer Sith, alors autant éviter les tentations inutiles, autant m’éloigner de la Force de suite pour éviter d’empirer les choses. Je crois que mon choix est loin d’être mauvais et cette fois, je le garderai, je m’y garderai, ses mots me font à nouveau sourire, franchement amusée par ce qu’il est en train de dire, enfermée, interrogée, c’est magnifique, quel plan génial !

- Enfermée ? Mais Maître, dites-moi, nous voguons depuis deux années dans l’espace, sans que je n’ai pu sortir une seule et unique fois de cette brique volante d’acier et d’électronique, alors que voudriez-vous que ça me change d’être enfermée quand je le suis déjà depuis deux années entières ?

Et ils pourront toujours venir avec toutes les questions qu’ils voudront, j’y répondrai sans détour, je n’ai rien à gâcher, de toute façon, je n’entends plus faire parti des leurs, alors ils devront prendre une décision drastique, l’enfermement à vie, rupture de mon lien avec la Force, je ne sais pas ce que le Conseil pourra décider, mais ce vaisseau me rend folle, j’ai besoin de m’évader, de voir des plaines, de sentir des fleurs, de marcher pieds nus sur du sable chaud, de me baigner dans un lac, j’ai besoin d’un peu de nature, de verdure, de VIE ! J’écoute ce qu’il me dit et sourit à nouveau, m’autorisant même à rire tout en faisant venir mes sabres jusqu’à moi, non pas que ma décision ne soit pas prise de demander à être radée de l’Ordre, mais parce qu’en attendant la décision du Conseil je reste une Jedi et mon sabre-laser fait parti de cette idée :

- Et que dira le Conseil quand je dirai le chantage que vous venez de me faire ? Achète mon silence en devenant ma Padawan, pas très Jedi ça Maître. Maintenant si vous permettez, je vais rejoindre mes quartiers dans lesquels vous pourrez m’enfermer et je tiens à ce que vous rapportiez au Conseil, que j’ai moi-même demandée à être radiée de l’Ordre, après vous avoir attaqué soit, mais que j’en ai fais la demande.

J’espère qu’il n’aura pas une mémoire sélective car j’apprécierai honnêtement très peu qu’en plus de m’avoir fait chantée, il essaie en prime de ne pas dire toute la vérité au Conseil Jedi.

Rien ne marche, ou plutôt rien ne semble l'atteindre. Son caractère opiniâtre, à la limite de l'imbécilité, semblait l'empêcher d'entrevoir la justesse des mots de Jilano. Se rendait-elle compte qu'elle frôlait déjà le côté obscur? Que renier son engagement de Jedi l'entrainerait invariablement dans l'abysse suffocant de l'Ombre? Cette fois, le Maître Jedi ne chercha même pas à dissimuler le soupir qui le secoua. Malgré tout ce qu'il avait put dire, jamais elle n'admettrait que le sacrifice de son ancien mentor fut nécessaire. Sans doute cette dernière avait-elle perçue cette impression indéfinissable que la jeune femme avait un rôle à jouer parmi les utilisateurs de Force. Fut-il bénéfique ou non, il sentait qu'il serait décisif dans les prochaines années. Bien sur, il n'était pas un prophète, mais le lien profond qui le liait à la Force lui donnait souvent des intuitions, et jamais elles ne l'avaient trahies. Quoi qu'il arrive, elle ne devait pas quitter l'Ordre, dusse-t-il faire preuves de méthodes drastiques.

Méthodes qui ne semblèrent même pas l'impressionner. L'idée de se voir enfermée et soumise à un contrôle stricte des ses actions, s'il devait provoquer chez elle un certain désappointement, ne lui tira qu'un sourire méprisant. Au fond, elle avait peut être de la chance d'être tombé sur lui ce soir. Il imaginait mal Exio Brekeshield ou Elunia Ombrelune rester de marbre face ce manque de respect caractéristique, surtout de la part d'une étudiante. Il resta toutefois indifférent à la raillerie sous-jacente qu'il sentait poindre en elle. Après tout, si elle venait à se moquer de ses propos, c'était parce qu'elle était perdu, un sentiment que lui même avait connu en de nombreuses occasions. Aujourd'hui encore, alors qu'il tournait dans cet espace clos de plus en détestable, il lui arrivait de nourrir des doutes sur la justesse de l'entreprise qu'il avait aidé à mettre en place. Quand la jeune Padawan comparait le Somens II à une prison, il put presque acquiescer.

Presque.

-Ne te leurre pas, car même cet enferment prolongé à bord du Somens te paraîtra séduisant si le conseil décide de te mettre aux arrêt. De nombreux Jedi se montrent dur devant leur confrères déchus, plus que tu ne pourrais l'imaginer.

Encore une fois, il choisit soigneusement ses mots avant de parler. Il ne voulait pas la jeune femme se sente menacée par la vérité qui pointait de ses propos. Il voulait juste qu'elle se décide en ayant saisie l'enjeu de ses prochaines actions. Dans le fond, un Jedi était libre de basculer dans le côté obscur s'il le désirait, même si ce choix semblait incompréhensible pour Jilano. Il pouvait cependant comprendre la peur qu'elle entretenait à l'idée de devenir un jour une Sith. Après le meurtre de Liara, lui aussi n'avait avait frôlé les limites de l'ombre. Ce n'était que grâce aux autres Jedi qu'il était revenu dans la lumière, il savait qu'il en faudrait autant à la Padawan pour renier la voie qu'elle semblait destinée à arpenter si d'aventure elle ne se calmait pas.

-Nous avons tous nos propres faiblesses, nous ne sommes après tout que de simple humains. La peur que tu éprouve t'enferme, elle te piège et te fais avancer lentement mais inexorablement vers le côté obscur. Ce n'est qu'en la surmontant que tu parviendra à t'en libérer.

Toujours plongé dans la Force, le Jedi sentit la Padawan tenter de reprendre ses sabres. D'un revers de l'esprit, il l'en empêcha, tirant dans la Force pour faire revenir les objets vers lui sans fournir aucune explications. Il rangea les deux armes dans l'une des poches de sa veste noir. Inutile de lui préciser qu'avec ses armes, elle représentait une danger tangible, autant pour elle que pour les autres Jedi qu'elle croiserait. Sa colère la rendant brutale et obtuse, il doutait de toute façon qu'elle saisisse correctement une réponse honnête sur le sujet, surtout si comme à l'instar de la majorité des Jedi elle sentait attachée à ces objets. Il se contenta donc de continuer à la regarder tout en l'écoutant, même si la dernière accusation qu'elle proféra ne manqua de le faire sourire. En effet, elle l'accusa de lui faire du chantage, ce qui était totalement faux. Il ne faisait que lui présenter les options qui s'offraient à elle, même s'il devait avouer qu'il espérait en faire sa Padawan. De cette façon, il pourrait veiller sur elle et la ramener sur la Voie des Jedi.

-Je ne te force à rien jeune fille, je me contente de montrer les différents chemin qui s'offrent à toi. Quand à ce que je dis au conseil, ou plutôt ce que je ne lui dis pas, considère qu'il s'agit d'une chance que tu devrais saisir. Tu n'est pas une Sith, ou du moins pas encore, et je pense être en mesure de t'aider sans t'occasionner des souffrances supplémentaires. Seulement, pour se faire, il va falloir que tu me fasse confiance.

Jilano laissa le silence s'installer de nouveau. Pour la première fois depuis leur rencontre impromptue, il laissa ses sentiments envahir la Force. Promesse et fermeté se partageaient à l'inquiétude qu'il ressentait pour elle. S'il voulait conquérir la confiance de cette élève, il devait se dévoiler quelque peu.

Invité

C'est vrai que ses mots m'atteignent peu, il faut dire que je suis dans ce drôle d'état d'esprit où les mots nous atteignent à peine, où ils n'ont absolument aucun effet, j'en ai marre des mots. C'est tout ce qu'il y a sur ce vaisseau, des mots, des mots et des mots, parfois des promesses aussi, mais des promesses de lendemain meilleurs, des promesses qui disent que demain tout ira mieux, mais ça fait deux ans que "demain tout ira mieux" ! Et moi je n'en peux plus, enfermée dans ce vaisseau, tout le temps, sans cesse, je suis comme beaucoup de jeunes, j'ai envie de sortir, de quitter l'enceinte austère et désagréable de ce vaisseau, j'ai besoin de partir, j'ai besoin de m'enfuir, j'ai besoin de voir autre chose, même un autre vaisseau, d'autres personnes, des gens ordinaires et pas des Jedi...Au final j'ai besoin de voir de la vie, en dehors du vaisseau, pas forcément un peuple sur une planète, mais de quitter cet endroit car l'environnement devient malsain, j'étouffe, je m'asphyxie de jour en jour un peu plus dans cet enfer de tôle, dans cette prison d'électronique, j'ai besoin de sortir, de voir l'extérieur, de voir d'autres gens, de quitter un peu ce vaisseau qui m'asphyxie.

Et ce ne sont clairement pas les mots du Jedi qui sont pour m'apaiser, il tombe hélas sur une mauvaise version de moi, sur une version de moi qui craque complètement sous la pression, qui n'en peut plus. Je suis terrorisée, je me sens emprisonnée, inutile, pathétique, je me sens faible, je me sens tellement idiote, je n'ai pas ma place ici et je le sais parfaitement, pourquoi ce Maître ne veut-il pas l'accepter ? Je n'ai plus aucune envie d'être ici, je me sens mal, mal dans ma peau, mal dans mes choix, je n'ai aucune idée de ce que je fais, d'où je vais, je suis perdue dans une vague de tourments et malheureusement pour lui, ce Maître est la bourrasque de vent qui fait chavirer le voilier, j'explose mais il n'y est pour rien. Ce que je dis, ce que je fais, ça n'est pas braqué contre lui, ma colère et ma haine sont envers moi, envers mon ancien Maître, lui il n'est que la malheureuse présence qui subit les instants de colère d'une Padawan plus trop disciplinée, il subit quelques instants de perdition dans la vie d'une jeune femme qui fut jusque là une Jedi exemplaire, mais ce soir quelque chose a changé, et son drame est simplement d'être venu. Il aurait pu passer son chemin comme si de rien était, il aurait été épargné, mais il s'était arrêté et désormais, il subissait quelque chose qu'il n'aurait jamais dû subir...Tout ce que j'avais retenu pendant deux ans en émotions, en sentiments, en pensées, en peurs, tout ça sort maintenant dans une boule violente et agressive, sans aucune pitié.

Je trouve encore moyen de sourire aux mots de Maître Jilano, des Jedi qui se montrent durs avec leurs confrères ? Il n'avait pas connu mon père et son imagination ne pourrait pas imaginer ce que j'ai vécu toute petite enfant, alors me retrouver torturée, cela ne m'inquiétait pas vraiment et puis, ne devait-ce pas justement ne pas être la philosophie Jedi que de se montrer violent ?

- Vous savez Maître, je crois qu'il est difficilement pire que ce sentiment de folie qui me prend chaque matin que je me réveille à bord de ce vaisseau, comme si chaque petite chose n'avait plus aucune valeur, que plus rien n'avait d'importance, comme si soudainement plus rien, absolument plus rien n'était vrai, que tout n'était jamais plus qu'une illusion pathétique et stupide. Et j'accepterai la décision du Conseil, peu importe ce qu'elle sera, je m'y soumettrai.

J'ai peur de certaines choses, mais définitivement pas de ce qui pourrait éventuellement m'arriver, la peur de l'inconnu est encore pire que la peur elle-même. Alors je ne m'inquiétais pas de ce qui pourrait éventuellement m'arriver, je préférai voir les choses quand elles arrivaient et voir à ce moment-là sur les choses qui arrivaient quand elles arrivaient. En tous les cas, je sentais bien que ce Jedi n'allait pas me foutre la paix, il continuait encore et toujours d'insister, d'insister et d'insister, peine perdu de se battre contre lui et de parler, je ferai mieux de prendre le sermon et partir, qu'il me foute la paix, il avait essayé, il n'arrivait à rien, ça le gênerait d'arrêter les frais, de me laisser partir et faire son rapport au Conseil ? J'avais envie de me coucher, d'arrêter les frais pour ce soir parce qu'il était évident qu'il allait continuer d'insister et moi de résister, alors ça ne servait pas à grand chose de continuer cette infructueuse, en plus de vaine, discussion de sourds.

- Peut-être qu'un jour j'aurai une preuve, peut-être qu'un jour je pourrai surmonter cette peur et me dire définitivement et absolument à quel camp j'appartiens, en attendant ce jour, je crains que la seule arme vraiment valable ne soit la patience, normalement, tout finir par s'arranger non ?

Je tente de récupérer mes sabres, mais le Maître Jedi intervient pour m'en empêcher, si depuis le début il avait pris deux secondes pour analyser sa façon de procéder, il aurait sans doute remarqué, que je n'avais pas plus de raisons de lui faire confiance que j'en aurais d'avoir confiance dans un Rancor. Arrogant jusqu'à la moelle a être tellement persuadée de pouvoir m'aider et cette façon qu'il pensait de comparer nos expériences en trouvant des similitudes qui nous "rapprochaient", je détestais sa façon de procéder, de me prendre de haut, depuis la première seconde, il avait une certaine tendance à m'insupporter et le comble était de le voir insister. Quand en prime il me fait chanter, on a atteint le pompon car peu m'importe qu'il me dise que ce n'est pas du chantage, il venait de me proposer d'échanger mon silence contre un rôle de Padawan, retour à ce que je disais sur son arrogance, il était incapable de prendre le temps de s'écouter. Ou je comprenais mal, mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que sa façon de dire les choses étaient très douteuses. Cela dit, j'éclate de rire quand il me dit que je vais devoir avoir confiance. Evidemment il ne comprend pas :

- Vous savez, Maître, ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, si là de suite le vaisseau était attaqué, je me fierai à vous comme un bon soldat, parce que vous êtes Jedi. Le problème c'est que vous êtes aussi un homme et les quatre hommes que j'ai connu avec mon Maître ont laissé des souvenirs...marquants.

Me tournant, je soulève mon haut pour lui montrer mon dos, couvert de cicatrices de tailles, de formes et de profondeurs diverses autant que variées :

- L'oeuvre de mon père, et mes trois frères qui riaient aux éclats tout en prenant plaisir à ça.

Je remets mon haut en place, me tournant vers lui :

- Je n'ai plus eu confiance dans aucun homme depuis. Vous me faites de belles promesses, de m'aider, mais vous demandez ma confiance, la seule et unique chose que je ne suis pas capable de vous donner ainsi simplement sur "un coup de tête".

Et mes doigts mimaient vraiment les guillemets :

- Alors si vous l'acceptez, je vous propose un marché. Gagnez ma confiance, en m'emmenant en mission avec vous par exemple, prouvez-moi que vous êtes digne de ma confiance et je serai votre Padawan. Je ne demande pas que vous fassiez vos preuves en tant que Jedi, vous êtes Maître, ce n'est pas par hasard, j'ai toute foi dans le Jedi. Mais derrière chaque Jedi il y a une personne et c'est en cette personne, dans l'homme, que je crains de ne pas pouvoir avoir confiance.