Négociations imprévues [PV Idess]

Kel s'enfonça dans son fauteuil, avant de reposer un datapad sur son bureau. Le Grand Maitre Jedi attrapa une tasse de caf, la porta à ses lèvres, et se rendit compte qu'elle était vide. La reposant en poussant un soupir, il tendit la main vers un thermos, mais se rendit compte qu'elle était aussi vide que sa tasse. Jetant un coup d’œil au chrono posé sur un coin du mobilier, il se rendit compte qu'il était déjà minuit passé. Ce qui voulait dire qu'il était fourré dans ses dossiers depuis...beaucoup trop longtemps. Mais il fallait bien qu'il donne de son temps pour que la Fédération puisse tourner à peu près correctement. Même si il manquait d'expérience dans le domaine, il ne pouvait pas laisser les autres tout faire à sa place. Kel ne l'aurait pas supporté. Il faisait donc tout ce qu'il pouvait, dans la mesure du possible, et tant pis si il se mettait à dos quelques grincheux qui vivaient encore un siècle et demi plus tôt. Certes, le nom de Jacen Solo était ancré dans la mémoire de beaucoup de monde, y compris dans celle du mantellien, mais lui n'avait pas été l'apprentie d'une Sith, avant de tuer sa propre tante et de se dresser en despote, soi-disant pour sauver la galaxie. Kel faisait tout son possible pour ne pas suivre le même chemin que Solo, mais il ne pouvait pas non plus rester sur Ossus et s'occuper uniquement des affaires des Jedi.
Faisant pivoter son fauteuil, il se retrouva face à la large baie vitrée, et se mit à observer le trafic, aussi dense qu'à n'importe quelle heure de la journée. À croire que Coruscant ne dormait jamais. Kel avait...obtenu les clés de ce bureau en même temps que le titre de Grand Maitre. Relativement spacieux, en tout cas bien plus que ses appartements au Temple Jedi de Coruscant ou même d'Ossus, il se composait d'une vaste pièce pouvant facilement accueillir une dizaine de personnes, et d'une salle adjacente ou se trouvait le relais hypercomm qui permettait à Kel d'être en liaison directe avec le Conseil lorsque c'était nécessaire. Le tout était décoré selon les gouts de Kel. Autrement dit, pratique et fonctionnel, dans les tons relativement clairs. Comme d'habitude, la porte du bureau était grande ouverte, laissant voir le bureau de l'assistante de Kel, pour le moment inoccupé.

Sans se tourner, il attrapa le datapad, avant de le consulter de nouveau. Le Grand Maitre Jedi s'intéressait de très près aux nombreux trafics d'esclaves qui germaient à divers points de la galaxie. Ce sujet lui tenait à coeur depuis que son ancienne apprentie, aujourd'hui devenue Maitre, avait été capturée par des esclavagistes des années plus tôt. Si les réseaux, obligés de basculer dans l'illégalité depuis que l'esclavage avait été officiellement aboli, avaient du mal à retrouver la gloire que certains avaient connus jadis, il avaient pour eux l'avantage d'être bien organisés, et bien dissimulés. Les débusquer était un travail de longue haleine, et les Jedi qu'il envoyait en mission ne revenaient pas forcément les mains pleines.
C'était pour ça qu'il avait décidé de se tourner vers des canaux un peu moins officiels. Comme beaucoup de personnes influentes, Kel avait réussi à tisser quelques liens avec des personnes pas toujours recommandables. L'un de ses...amis, un contrebandier Duro avec qui il avait collaboré lorsqu'il était Chevalier, lui avait assuré qu'il connaissait des gens qui réussiraient à trouver certaines informations qui pourraient l'intéresser. Il avait eu un bref message de son contact lui avait assuré que les fameuses personnes étaient sur le coup, et qu'il aurait ce qu'il voulait rapidement, moyennant une certaine somme d'argent. Mais depuis le dernier message du Duro, six jours plus tôt, il n'avait rien de nouveau. À croire que les « types » n'étaient pas aussi doués que ce que son contact contrebandier avait promis...

Il y avait des demandes étranges, trop pour qu'Idess les laisse passer et traiter par ses subalternes et parmi eux, une demande d'un contrebandier Duro qu'elle avait croisé au temps où sa main mise n'avait pas hérité de celle de son prédécesseur. Certes, il ne se rappellait pas d'elle et avait probablement retenu le nom du Courtier sans se douter un seul instant de qui se cachait soigneusement derrière cette entité insaisissable. Bref, sa demande était des plus inhabituelles. Généralement les contrebandiers ne se souciaient pas des réseaux des esclavagistes... Alors après avoir accusé réception de la demande, Idess avait prit le temps de fouiller le passé du contrebandier pour trouver qui, par le plus grand des hasards, serait à même de profiter de telles informations.

Rapidement, une liste des identités probables fut établie. Suffisamment succincte pour que Idess se consacre à trouver ce qu'on lui demandait. C'était l'enfance de l'art, à quelque part, comparativement à ce qu'on lui demandait bien souvent. Néanmoins, elle prit tout son temps: ce n'était pas quelque chose de prioritaire comparé au reste et surtout, elle n'avait toujours pas rencontré le commanditaire originel de son contrat. Or, elle ne se pressait que pour ceux avec qui elle avait eut au moins un contact. Jugeant probablement le délai trop long, le Duro ne tarda pas à faire savoir l'identité de celui qui "demandait" ce service à la jeune femme qui fut surprise d'apprendre qu'il s'agissait du Grand Maître de l'Ordre Jedi. Il faisait partie de sa liste mais l'Hapienne avait songé qu'il aurait droit aux services de renseignements de la République, pour ne pas dire de l'Alliance, et que donc, il n'aurait jamais besoin d'elle.

C'était une erreur et une surprise... presque agréable quoique suspecte. Idess n'était pas imprudente et apprendre que quelqu'un de cette stature lui "demandait" de l'aide n'était pas pour la rassurer. Pourtant, moins d'une semaine après le premier contact avec le Duro et après avoir assuré ses arrières, l'Hapienne arriva sur Coruscant. Se fondant dans la foule, elle gagna les niveaux inférieurs puis un entrepôt qu'elle savait comme appartenant à une bande de contrebandiers absents pour l'instant. Elle s'assura que les lieux étaient vides puis demanda à Glyphe de faire parvenir au Jedi, le message qu'elle avait préparé tout en restant intraçable.

Sur le bureau de Kel, un datapad clignota, délivrant le message suivant:

Citation :

Entrepot 18, niveau 1619. Seul.

Peu de mots mais qui disaient tout ce qu'elle désirait. En attendant le Jedi, Idess prit le temps de vérifier les sorties et les cachettes, demandant à Glyphe de prendre le contrôle des caméras de surveillances afin que cette rencontre et son arrivée passent sous silence... et aussi, qu'elle puisse savoir si elle allait se faire attaquer ou non. Puis, elle attendit, en hauteur.

.

Kel se leva de son siège, son datapad toujours à la main. Finissant par se détourner de la baie vitrée, il le fixa à sa ceinture, avant de se diriger vers la porte menant à la salle de communications. Pianotant sur le clavier inséré dans le mur, il ordonna la fermeture, puis le verrouillage des portes. Il était temps qu'il retourne au Temple, afin de prendre un peu de repos. Ça n'était pas en se tuant à la tâche comme une machine qu'il pourrait résoudre les problèmes qu'il avait. Tous les problèmes de la galaxie n'allaient pas se résoudre ce soir, et avoir les idées claires l'aiderait justement à y voir plus clair.
Alors qu'il allait éteindre la petite lampe posée sur son bureau, l'un des datapads se mit à vibrer, signe qu'il avait reçu un message. Qui pouvait lui envoyer un message à une heure pareille? Et en particulier sur un datapad qui ne lui appartenait pas. L'attrapant d'un geste vif, il le déverrouilla, avant d'afficher le message en question. Une adresse, et un mot. Pas de nom d'expéditeur, ni rien qui aurait pu permettre de connaitre le nom de la personne qui avait envoyé ce message. Autrement dit, la personne savait cacher ses traces. Kel n'aimait pas se jeter tête la première dans un piège, mais il n'avait pas le temps de laisser les types des Renseignements de l'Alliance essayer de remonter la trace du message. Le temps qu'ils finissent, l'entrepôt en question serait totalement vide. Et si Kel allait bien dans un piège, alors ses futurs agresseurs allaient se mordre les doigts. Tuer un Grand Maitre Jedi n'était pas chose facile, et Kel pouvait se vanter d'être un dur à cuire. Mais...si il avait de la chance, c'était peut-être ses informations qui arrivaient enfin. Peut-être que les fameux contacts de son ami contrebandier avaient trouvés des choses dignes d'intérêt. Mais dans un cas comme dans l'autre, Kel était prêt à n'importe quel retournement de situation. S'assurant que ses sabres étaient bien accrochés à sa ceinture, Kel enfila sa bure, avant de quitter son bureau, qu'il verrouilla.

Une fois hors du Sénat, il récupéra le speeder de l'Ordre dont il se servait lorsqu'il se trouvait sur la planète, avant de se diriger vers les coordonnées indiquées sur le datapad. Pendant le trajet, il envoya malgré tout un message sur le datapad d'un Maitre Jedi stationné sur Coruscant, qu'il savait de garde ce soir. Si il n'avait pas de nouvelles du Grand Maitre dans l'heure qui suivait, le Maitre avait pour ordre de réunir un petite équipe de Jedi, et d'investir l'entrepôt en question. Autant prévenir que guérir, comme disait le vieux proverbe.
Il arriva finalement aux abords de l'entrepôt 18, mais gara son speeder une centaine de mètres plus loin, afin d'éviter qu'il soit trop exposé en cas de problème. Sortant de ce dernier, il releva sa capuche, avant de se diriger d'un pas tranquille vers l'entrée de l'entrepôt. Mais au lieu de passer par l'entrée principale, il fit le tour, avant de s'arrêter devant une petite entrée de service. Se servant de la Force, il déverrouilla la porte, avant de se glisser dans l'entrepôt. Remontant un petit couloir, il ouvrit une nouvelle porte, avant de pénétrer dans l'aire de stockage. S'ouvrant à la Force, il ressentit une présence proche de lui, qui n'était visiblement pas animée d'intentions hostiles. Mais cela ne voulait rien dire. Gardant une main sur la poignée d'un de ses sabres, il s'avança, rabattit sa capuche de son autre main, avant de regarder autour de lui.

- Bonsoir! S'exclama Kel. Sauf si c'est un piège, auquel cas, je vous conseille de fuir, et de choisir une cible moins...coriace.

Voila. Ça au moins, c'était dit. Mais c'était comme ça que Kel fonctionnait. Et avec un peu de chance, ça permettrait de briser la glace. Sauf si il avait affaire à quelqu'un d'aussi raide qu'un poteau, qui ne vivait que pour son travail et qui était étranger à tout ce qui entourait la notion d'humour. Si c'était bien le cas, alors cette entrevue risquait d'être incroyablement longue et ennuyeuse. Presque autant qu'une réunion avec certaines grandes pontes de l'AG ou de l'Empire. Même si les impériaux avaient au moins l'avantage de faire preuve de franchise, et de servir l'un des meilleurs caf qu'il ait jamais gouté. Et avec des militaires, il y avait toujours un moyen de trouver un terrain d'entente satisfaisant.
Attendant que son interlocuteur, ou interlocutrice, ne se montre, Kel garda les mains sur ses sabres, prêt à réagir au moindre signe de danger...

L'entrepôt lui appartenait. Enfin... il était à l'une de ses (trop) nombreuses identités vouées à égarer ceux qui pourraient la chercher. Elle, la courtière qui voulait rester en paix et qui vendait ses informations pour, justement, rester tranquille. Mais ne s'attaquait-elle pas à un trop gros poisson en convoquant le Grand Maître de l'Ordre Jedi dans un lieu "abandonné". Simplement pour leur éviter des "déconvenues" tels que des soupçons et des interrogations mal venues. Son message envoyé, elle avait patienté au coeur de l'entrepôt 18, soigneusement dissimulées pour voir son "invité" avant que lui ne puisse la voir. Oh, elle pensait bien que s'il le désirait, il pouvait la percevoir et la localiser bien plus rapidement que n'importe quelle technologie. La Force était un "outil" merveilleux dont elle ne savait que ce qu'il se racontait. Et puisque cela étaient des rumeurs, Idess les traitait avec une multitude de précautions.

Bientôt, des bruits de pas se firent entendre, rapidement suivit par quelques mots qui lui arrachèrent un sourire. Lentement, elle se redressa et fit jouer ses articulations avant de sortir de derrière les caisses métalliques où elle s'était dissimulée pour attendre. S'approchant puis se figeant à la limite d'une tâche de lumière, elle murmura, légèrement amusée.

-Bonsoir. Je crois que pour vous piéger, il faudrait éviter de le faire dans un tel lieu, non?

La question était posée d'une voix un peu traînante, comme si Idess était ennuyée. Or, c'était loin d'être le cas. Elle donnait simplement son avis, sans trop y réfléchir, pour le coup. Avisant les mains du Jedi toujours près de ses sabres, Idess leva les mains et ajouta.

-Je suis armée mais je ne compte pas user de mes armes sur vous. Au-delà de cela, c'est vous qui avez demandé à me voir, pas l'inverse.

Idess s'attachait à paraître la plus sincère et la plus inoffenssive possible. Après tout, elle ne mentait pas: elle ne lui voulait pas le moindre mal. En revanche, elle était curieuse de savoir ce que pouvait lui vouloir un homme tel que le Grand Maître Jedi. Que quelqu'un de si haut placé ait besoin d'elle était étrange, à ses yeux, et très loin d'être flatteur.

-Je suis venue à la demande de votre... contact. J'espère que ni lui, ni vous, me ferez perdre mon temps.

Kel n'eut pas besoin d'attendre longtemps pour que la personne qu'il devait rencontrer ne finisse par se manifester. Si son contact ne se montrait pas en pleine lumière, la femme, visiblement une humanoïde, s'arrêta à la limite de la zone de lumière, son visage restant délibérément dans l'ombre. Kel ne s'en offusqua pas, pas plus qu'il ne fut piqué au vif par les remarques de la femme, alors qu'elle répondait à la mise en garde qu'il avait déguisé en conseil. Visiblement, elle avait de la répartie, et savait se servir aussi bien de sa tête que de sa langue. Autrement dit, cette rencontre allait se révéler particulièrement intéressante. Le Grand Maitre allait devoir faire attention à ce qu'il disait, ou il risquait de se mettre en position de vulnérabilité par rapport à cette femme. Ou de lui dévoiler sans faire attention certaines informations qu'elle pourrait si elle le souhaitait, revendre aux plus offrants. Vu que c'était visiblement son rôle. Collecter et revendre des données plus ou moins sensible, moyennant un gros paquet de crédits.
Lorsqu'elle lui précisa qu'elle ne comptait pas user de ses armes, et que c'était à cause de lui qu'elle était là, il retint un sourire. Elle marquait un point. Mais le mantellien avait vu tellement de choses dans la galaxie qu'il préférait prévenir que guérir. Écartant les mains de ses sabres, il ne put s'empêcher de lancer avec un pointe d'amusement:

- Quarante ans passés à vadrouiller dans la galaxie ont finit par me rendre...méfiant. Mais puisque vous ne comptez pas vous servir de vos armes...

Kel n'était pas idiot au point de croire sur parole la femme quand elle disait ça, mais il valait mieux jouer son jeu pour éviter de la brusquer. Sinon, elle risquait bien de disparaitre avant qu'ils aient eu le temps de conclure un semblant d'arrangement.
Avisant une caisse à quelques pas de lui, il s'assit dessus, avant de reporter son regard sur la femme. Au moins il serait un peu plus à l'aise pour discuter. Il n'aurait pas dit non à un doigt du vieux brandy corellien que l'ancien président de l'Alliance gardait dans un tiroir de son bureau, mais il ne pouvait pas tout avoir.

- Il s'agit plus d'un ami que d'un contact. Et pour ce qui est de savoir si vous allez perdre votre temps ou non, cela ne dépends que de vous. On m'a affirmé que vous pouviez m'avoir certaines informations que je recherche. Si je fais appel à vos services, c'est par nécessité, et non par choix. J'espère simplement qu'on ne m'a pas vanté vos compétences pour rien.

Kel fit une pause, laissant à la femme le temps de réagir à sa remarque. Il voulait voir comment elle réagissait lorsqu'on la provoquait sur son propre terrain. Au moins, il saurait un peu mieux à quel genre de personne il avait à faire, même si il ne se berçait pas d'illusions quand à découvrir qui elle était vraiment. Vu comment son vieil ami contrebandier lui avait vanté les mérites de cette femme, elle devait être un véritable fantôme. Et essayer de remonter à elle ne serait qu'une perte de temps, d'argent et de ressources, qui pouvaient être bien plus utiles ailleurs.

- J'aurais besoins de renseignements sur certains réseaux esclavagistes de la Bordure Extérieure. Il est grand temps que quelqu'un passe un grand coup de balais dans tout ce foutoir, mais je préfèrerais savoir ou et quoi chercher.

-Méfiant... peut-être. Paranoïaque, sûrement.

Sa voix trahissait un amusement certain. La situation l'amusait mais sa prudence était loin d'être endormie. Elle bougea doucement, presque aussi souplement qu'un reptile tandis qu'il s'installait sur une caisse. Elle restait à une distance correcte, pour ne pas lui faire croire qu'elle voulait l'attaquer.

-Mais qui pourrait vous en vouloir?

Elle sourit mais son sourire disparu quand il remit en cause ses compétences. Tout en elle se redressa. Elle abandonna son attitude tranquille pour devenir plus rigide. Elle n'appréciait définitivement pas que l'on doute de ses compétences. Elle avait gagné sa place et sa réputation à la sueur de son front. Elle croisa les bras sur sa poitrine et claqua sa langue contre son palais.

-Je savais que vous n'étiez pas connu pour votre diplomatie, Maître Zallow. Mais à une main dont vous voulez obtenir quelque chose, soyez suffisamment sage pour ne pas la mordre. Je ne remets pas vos compétences au sein de l'Ordre... Ne le faites pas pour les miennes.

Son sourire revint, aussi naturel qu'auparavant. Elle changeait d'attitude et de langage gestuel aussi aisément que certains maniaient le sabre laser. Elle continua à se mouvoir dans l'entrepot, observant autour d'elle, son attention toujours tournée vers le Jedi. Ce dernier émit enfin sa demande, exactement comme leur "contact commun" lui avait dit. Elle se figea pour sortit un datapad pour pianoter dessus.

-Quels réseaux exactement? Dans quel secteur de la Galaxie?

Idess leva alors les yeux du datapad et darda ses prunelles sur l'homme.

-Quelle rémunération dois-je attendre? Que seriez-vous prête à m'offrir en échange?

Elle n'était pas du genre à trop demander. Il lui arrivait même parfois donner des informations sans rémunérations. Mais au vu du personnage qui lui faisait face, elle entendant bien en tirer quelque chose. Même si ce n'était que symbolique.

Décidément, cette femme avait du répondant. Et le fait qu'elle se trouve face au Grand Maitre de l'Ordre Jedi n'avait pas l'air de la déranger plus que ça. Alors qu'il connaissait un paquet de types, pas forcément tous très fréquentables, qui gardaient leur langue dans leur poche en sa présence. Sûrement devaient-ils avoir peur qu'il utilise la Force pour les réduire à l'état de légumes ou quelque-chose dans le genre. Vu le type de rumeurs qui couraient parfois sur les Jedi et qui remontaient jusqu'aux oreilles de Kel, les Jedi étaient capable de faire des miracles, et de vaincre quasiment n'importe qui. C'était très largement exagéré, mais dans chaque rumeur, il y avait une part de vérité. Mais visiblement, cette femme s'en moquait bien.
Vint enfin la question qu'il attendait presque autant qu'il la redoutait. La femme voulait des détails. C'était compréhensible, si elle voulait trouver des informations sur les fameux réseaux d'esclavagistes. Le seul problème, c'est qu'il n'avait presque pas d'informations sur ce qu'il cherchait. Le peu d'indices qu'il avait menait à deux secteurs de la Bordure Extérieure, mais il ne connaissait rien des réseaux esclavagistes. À moins qu'ils ne fassent partit d'un plus grand ensemble, bien plus structuré que ce qu'il croyait, et donc bien plus dangereux.

- Voila le problème qui m’amène ici, fit Kel. J'avance dans le noir, et je n'aime pas ça. L'Ordre n'a presque pas d'informations sur eux, et la plupart des hommes que nous avons essayés de capturer se sont donnés la mort. Et les autres ne savaient presque rien.

Attrapant une datapuce dans une poche de sa ceinture, il la glissa dans le datapad qu'il avait emporté, avant de copier l'intégralité des données qu'il avait sur cette mission. Une fois la copie effectuée, il retira la dapatuce, avant de la tendre à la femme.

- C'est tout ce que j'ai. Avec ça, vous en savez autant que moi. D'après les informations que nous avons récoltés, les recherches se sont cantonnées aux secteurs Juvex et Arkanis. Mais je vous conseillerais d'aller sur Karfeddion. Ils se sont peut-être remis de la visite que je leur ais rendus il y a quelques années...

Puis la femme lui demanda comment il comptait la payer. Autre point épineux, même si il l'était moins que le précédent. Même si il avait des fonds conséquents, l'Ordre Jedi ne pouvait se permettre de dépenser des sommes astronomiques à chaque fois qu'ils avaient besoin de quelque-chose. Et un déplacement d'argent, qui serait sûrement conséquent, attirerait l'attention des autres membres du Conseil. Et malgré son statut de Grand Maitre, il aurait des comptes à rendre. De plus, un transfert de crédits allait laisser des traces, qui pourraient être exploitées à des fins peu scrupuleuses par quiconque ayant une dent contre l'Ordre.

- Hé bien...vous devez vous en douter, mais l'Ordre n'a pas un compte en banque aussi fourni que celui de certains...particuliers. Mais je suis sûr que nous pourrions trouver un arrangement, même précaire. Je pourrais même vous être...redevable d'un quelconque service.

Kel espérait simplement ne pas se mettre dans une position trop précaire en disant ça. Car le genre de service qu'elle pourrait lui demander, si jamais elle acceptait, pourrait le mettre, lui et l'Ordre, dans l'embarras. Et si jamais c'était le cas, Kel assumerait sans broncher les conséquences de ses actes, et tenterait au mieux de réparer ce qui serait alors considéré comme des « erreurs ».

Non, Idess n'était pas effrayée. Elle avait suffisamment "étudié" les Jedi pour savoir qu'elle ne risquait rien de leur part à moins d'être ouvertement hostile d'une manière ou d'une autre. Quand bien même, se retrouver face au Grand Maîrte de l'Ordre aurait pu être impressionnant si... Si cela lui importait. Pour la jeune femme, Kel n'était qu'un demandeur comme un autre. En aucun cas son statut n'allait influencer sa décision. Partant de là, pourquoi aurait-elle dû se montrer impressionnée d'une quelconque manière?
Tandis qu'il lui donnait des détails, elle continuait à observer son datapad directement relié à Glyphe qui se situait non loin mais parfaitement à l'abri. Après un rapide regard vers Kel, elle tendit la main et d'un mouvement leste, récupéra la datapuce qui termina dans son datapad. Elle consulta les données rapidement et lança aussitôt une recherche avec ses propres données afin de les recouper plus rapidement. Enfin, elle leva le visage vers son interlocuteur non sans lui avoir demandé comment il comptait la rémunérer.

Alors qu'il lui répondait, un sourire naquit sur ses lèvres pleines. Elle fit un léger mouvement de la main droite pour l'interrompre.

- Grand Maître Zallow... A ce que j'entends, votre... "ami" ne vous a rien dit à mon sujet. Et j'avoue que cela me rassure à bien des égards.

Elle soupira, faisant mine de réfléchir.

- Je vous aiderai. A une seule condition: que votre Ordre ne recherche ni mes agents ni moi d'une quelconque manière. A ce titre, je vous fournirai toutes les informations au sujet des esclavagistes au fur et à mesure que vous me les demanderez. Cependant, il pourra arriver que je refuse mais cela ne remettra pas en cause cet accord. En effet, vous n'êtes pas le seul à avoir des objectifs et je ne peux pas me permettre de mettre deux factions en conflits. Vos autres demandes ne concernant pas des esclavagistes seront traitées et négociées en dehors de cet arrangement.

Le datapad bipa. Elle le consulta rapidement avant de revenir à Kel.

- En résumé: vos informations sur les esclavagistes contre ma tranquillité. Est-ce correct?

En attendant une réponse, elle consulta son datapad, lisant quelques résumés avant de les copier sur la datapuce qu'elle retira avant d'éteindre son datapad.

Kel attendit que la femme ne récupère les données, avant de les consulter. Elle allait sûrement mettre peu de temps à le faire, puisque, comme il l'avait dit, les informations qu'il avait à disposition étaient maigres. Mais au moins, l'avantage avec le manque d'informations, c'est que la femme n'aurait pas trop de problèmes à en trouver de nouvelles. Et peut-être même qu'elle parviendrait à découvrir des choses particulièrement intéressantes. Même si ils étaient devenus illégaux depuis près d'un siècle et demi, les réseaux clandestins étaient une épine dans le pied de la galaxie, et il était plus que temps qu'on l'arrache.
Lorsque la femme lui exposa ses conditions, Kel se sentit soulagé. Elle ne lui demandait pas la lune. Au contraire, ce qu'elle exigeait était même parfaitement cohérent. Il comprenait parfaitement que cette femme ait plus d'un client, et qu'elle souhaitait éviter de se mettre en facheuse posture pour lui, sous pretexte qu'il s'agissait du Grand Maitre. Toutefois, il allait devoir s'arranger pour que les autres membres de l'Ordre ne se mêlent pas non plus des affaires de la dame. Ce qui risquait d'être un peu plus compliqué. Mais pas pour autant impossible. Il fallait juste qu'il prenne un peu de temps pour réfléchir au problème.
Kel fit mine de prendre quelques instants pour réfléchir, alors que la femme lui demandait si leur accord lui semblait correct. Oui, il lui semblait correct, mais il restait la question des autres membres de l'Ordre. Il ne pourrait pas toujours empêcher que ses hommes se mêlent des affaires des autres. Lors de leurs missions, ils y aurait toujours un risque qu'un ou plusieurs Jedi ne se mêlent aux affaires des subordonnés de cette femme. Autant le dire clairement à cette dernière, afin qu'il y ait le moins de problèmes par la suite.

- Hé bien, je ne vois rien qui me pousse à refuser votre offre. Je tiens toutefois à vous signaler, et vous le comprendrez sûrement, que les Jedi risquent de ne pas forcément savoir qu'ils ont affaire à vos hommes.

Il fit une brève pause, avant d'ajouter:

- Je ne pourrais pas toujours empêcher qu'un des miens se mêle de vos affaires. Même de manière involontaire.

Voila. Au moins, c'était dit. Maintenant, tout allait dépendre de la réponse de cette femme. Si elle le prenait avec compréhension, alors l'affaire serait entendue, et ils pourraient repartit chacun de leur côté comme si cette rencontre n'avait jamais eue lieue. Et sinon, hé bien Kel aurait usé de sa dernière carte, et il risquait même de perdre le peu d'informations qu'il avait. Après tout, vu qu'ils ne seraient pas parvenus à un accord, rien n'indiquait qu'elle ne se priverait pas de tuyauter les esclavagistes...

Ses exigeances pronnoncées, Idess se plongea dans la lecture rapide des flux d'informations que Glyphe lui transmettait. Elle grimaça quand se confirma son intuition: la recherche allait prendre du temps. Pas vraiment étonnant, les réseaux esclavagistes et la discrétion étaient devenus synonymes par la force des choses. Lorsque son interlocuteur reprit la parole, elle leva son visage, toujours dissimulé par une grande partie de sa capuche, vers lui pour lui accorder son attention. L'ombre d'un sourire passa sur ses lèvres. Oui, c'était logique comme réponse. Il pouvait promettre mais ce serait mentir à plus ou moins longue échéance. Elle le savait et l'avait su à peine avait-elle énnoncé son exigeance.

-Je suis réaliste, Grand Maître Zallow... Les Jedi croiseront forcément la route de mes hommes un jour ou l'autre. Je voulais simplement dire que vous ne deviez pas me chercher, d'une aucune manière. Vous et votre Ordre. Je vous laisserai un moyen de me contacter mais je ne veux pas que l'on me poursuive. Si l'un de vos Jedi se lance dans cette quête, ce sera à vous de l'arrêter. Je sais que c'est beaucoup vous demander. Mais la seule chose que je peux vous promettre c'est que je ne trempe pas dans tout autre domaine que l'information et le savoir. Sous toutes ses formes.

Ce n'était pas un mensonge. Les hommes d'Idess volaient parfois mais pour récupérer une information ou une donnée quelconque en contrepartie. Elle n'avait rien juré sur les manières que ses hommes employaient pour récupérer les informations. Que les Jedi les cherche, cela faisait partie du jeu. En revanche, qu'on la cherche, ça elle ne le voulait pour rien au monde. Elle tenait à sa tranquilité et à son statut d'une neutralité parfaite et encore intouchée. Elle reprit.

-Reprenons: je vous fournis les informations que je trouve au sujet des esclavagistes. En échange, vous me faites le serment que votre Ordre et vous ne me chercherez pas. Evidemment, les rencontres... disons, "sur le terrain" entre les Jedi et mes hommes ne compte pas. Je parle bien de moi, de tentatives de me débusquer. Avons-nous un accord, Grand Maître Zallow?

Elle éteignit le datapad et franchit la moitié de la distance qui la séparait de lui. Elle tendit la main pour sceller l'accord qui venait de se conclure. A lui de prendre la décision. S'il refusait, elle repartirait et il ne serait plus jamais question de leur rencontre. Elle ne la ferait même pas filtrer. Ce n'était pas son genre. D'autant plus qu'il était indéniable que cela ternirait sa réputation. Et s'il y avait bien une chose qu'Idess avait conscience, c'était que sa réputation, justement, qui lui garantissait une bonne partie de sa tranquillité.